Shame : Song of praise

Mais qu’est-ce qu’ils ont bouffé  ces jeunots ? Je veux parler là, des Jake Bugg (GB) Trevor Sensor (USA) et autres post- ados géniaux qui feraient  passer Ty Segall pour un vieux avec ses 30 piges…

A la fin des années 1970, lorsque l’ouragan punk soufflait encore outre-manche, en faisant passer le Channel à des albums
secs, nerveux, rageurs et enflammés (comme ce Songs of praise), étaient monnaie courante.  Alors admettons que le rock soit ; sinon mort ; du moins assez marqué XXe siècle et qu’il peine à affirmer aujourd’hui sa pertinence entre le hip-hop et les musiques électroniques, qui définissent la bande-son actuelle.

Lors des concerts de Shame, on repense à Blur, the Clash, Wire, The Fall qui s’entrechoquent allègrement, et, miraculeusement, Charlie Steen, le charismatique chanteur hurleur, et ses jeunes compagnons ne perdent rien de leur énergie entre la scène et le studio. Mieux, ils confirment qu’ils possèdent déjà un répertoire de chansons mémorables (le tonitruant Concrete, l’entêtant One Rizzla) et s’autorisant à varier les tempos (Dans l’envoûtant Angie final) dans un esprit qui rappelle un peu Stones Roses.

Charlie Steen dit : dans l’introduction de « On Rizla » :
« My nails ain’t manicured
My voice ain’t the best you’ve heard
And you can choose to hate my words
But do I give a fuck »

J’ai pas les ongles manucurés.
J’ai les poches vides et des chaussures trouées.
Ma voix n’est pas la meilleure que vous entendrez.
Mais j’en ai rien à foutre
 »

Ils sont l’inverse de ce que leur nom pourrait suggérer : avec Shame, c’est tout sauf de la honte. Jeunes, arrogants,
facétieux, sombres, adorables, sans limites, les cinq Londoniens sont tout ça à la fois.

L’album ?  dix morceaux et 38 minutes, dont ils disent :
« De plus en plus de producteurs viennent de l’electro et ne sont pas à l’aise avec groupes à guitares. Leur façon d’enregistrer un disque est, mine de rien, assez figée et pas adaptée à une musique comme la nôtre. Nous sommes obsédés par le son de la basse, par la batterie, par l’espace qui doit être laissé à chaque instrument. Nous enregistrer, c’est avoir Joy division et Television pour références ».

S’ils peuvent être les héritiers du Punk, Shame signe surtout un album de leur temps, et de leur âge… Songs Of Praise est une collection de moments saisis sur le fil et une succession de sentiments à peine cachés.  Shame a imposé sa griffe au cours de
prestations scéniques aussi intenses que déraisonnablement fréquentes (130 dates en 2017),

Shame qui a été adoubé pour ses performances live avant de faire un détour en studio, nous délivrent donc indubitablement un des  grands disques de 2018. Songs of Praise est un cantique, une ode au rock à guitares, mais repensant ses hymnes, son style et ses icônes.

On a adoré

Gil Tau

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