Parler me semble ridicule

Pour les 15 ans de L’oreille qui gratte nous nous étions lancés un défi fou, faire 36 heures de direct non stop de radio. Nous avions invité 15 groupes (toute la fine fleur de la scène locale) avec qui nous avions décidé de nous enfermer dans le studio grassois d’Agora.
La vielle à Cannes il y avait eu au palais des festivals un concert avec une double tête d’affiche Christophe/Jean Louis Murat. Nous avions jeté une bouteille à la mer en les invitants à venir fêter l’anniversaire de l’émission avec nous. L’Auvergnat ne répondit pas. J’avais déjà interviewé et rencontré Christophe par le passé cela me permettait d’avoir son contact. Dans l’après-midi la manageuse de Christophe nous avait dit que peut-être Christophe viendrait passer 30 minutes avec nous, mais rien de sûr insista-t-elle.
Le 26 septembre à 20h00 aucune nouvelle du dernier des Bevilacqua. Nous démarions donc notre marathon avec les Cagnois de Transistar. Alors que j’essayais d’expliquer par téléphone à Hyphen Hyphen où se trouvait nos studios (qu’ils ne trouvèrent malheureusement pas ce soir-là) un double appel de Christophe arrivait.
Nous bousculions donc notre programmation pour le recevoir. Notre concept est de faire de l’acoustique avec chaque invité. Nous demandions donc à Christophe de se plier à la règle, or Christophe avait des problèmes aux doigts ce qui fait qu’il ne jouait plus de guitare mais seulement du piano. Mais prit dans l’ambiance il enfourchât une guitare et enchaînât les mots bleus, les marionnettes, señorita… répondant à nos questions. Se sentant tellement bien il ne voulait plus partir sa manageuse insistant pourtant il était attendu à Draguignan. Mais Christophe mangeait du chocolat, des cacahuètes, du saucisson et buvait du Jack avec nous. Transistar lui demanda d’improviser une version des mots bleus avec lui. Il s’y prêta avec plaisir. Nous en fan nous discutions. Il nous expliquait notamment sa relation avec Alain Bashung, Nous lui faisions signer nos disques, prenions des photos (une de Loïc Swiny est toujours dans les studios. Nous faisons donc chaque émission sous son

regard). À force d’insister la manageuse réussit 3 heures plus tard à lui faire quitter les studios. Les 32 heures qui nous restaient à enregistrer ne pouvaient se faire que sur un nuage. Pour une fois j’avais le sentiment que nous avions réussi un sans faute. 30 minutes de notre rencontre avec Christophe sont disponibles en vidéo ici :

À chacune de ses venues sur la côte nous retournions le voir. Christophe se souvenait de nous à chaque fois nous le rencontrions et échangions. Il m’envoyait même parfois dans la nuit de la St Sylvestre ses vœux par SMS.

Pour les plus jeunes d’entre vous Christophe ne représente peut-être que quelques tubes variétés tels Aline ou Les marionnettes morceaux qui lui ont permis d’exploser en 1965. Le succès de ces deux titres lui permit d’aller vers ce qu’il aimait vraiment c’est-à-dire les productions américaines ultras produites. Ainsi très vite ce fut les mots bleus ou les paradis perdus. Le beau bizarre (avec Boris Bergman aux paroles) en 1978est sans doute le sommet de sa production. Mais ce que j’apprécie le plus dans sa discographie ce sont les productions des 25 dernières années (Bevilacqua / comme si la terre penchait / Aimer ce que nous sommes / Les Vestiges du chaos). Des disques qui ont permis à Christophe de redécouvrir la scène. Christophe prend des risques sur chaque note. Cela peut paraître déconstruit, décousu mais cela est aventureux, vertigineux et ce chant qui ne faisait que progresser…
Comme il nous le demandait dans une de ses récentes chansons dorénavant nous regarderons le ciel les mains tendues vers lui et nous continuerons à parler de lui.
Adieu et merci Monsieur      

Simon Pégurier
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Je t’aime à la folie, mais je vais vomir

Je ne saurais expliquer pourquoi mais le régime socialiste dans l’ex bloc de l’est m’a toujours fasciné. 

Peut être à cause de mon gout pour l’uniforme, de la blondeur des filles ou des bâtiments style HLM des années 70 à angle droit …. (Je plaisante bien sur) 

Quoi qu’il en soit c’est peut être cette attirance qui m’a poussé récemment à dévorer le feuilleton Tchernobyl ou à élire Léto film de l’année 2018. 

Qui sait si j’avais vu Clod War avant c’est peut être ce film que j’aurais élu film de l’année 2018. Ce drame amoureux de Pawel Pawlikowski se déroule dans la Pologne des années 50. Wiktor (artiste talentueux désabusé) recherche des artistes en herbe pour mettre en avant la culture polonaise, dans l’Europe de l’est (et voir peut être ailleurs). Il tombe sous le charme (comme on tombe sous la mitraille d’une sirène) de la belle et brillante Zula. Ce sera alors une histoire d’amour impossible mais qui dure. Wiktor et Zula ne cesseront de se quitter pour mieux se retrouver. Le décor de la guerre froide est omniprésent mais pourtant il devient dérisoire devant ces cœurs qui se déchirent.

Le parti pris du noir et blanc (comme dans léto) apporte une nostalgie supplémentaire.

Comme dans léto la musique est plus qu’un personnage, elle est omniprésente du début a la fin. La musique dans le régime polonais est un outil de propagande, ce ne sont pourtant souvent que des petites comptines simples presque niaises et pourtant c’est la grandeur et la noirceur de Chopin que l’on retient.

Sur le générique final on entend les amants de la femme d’à côté de Francois Truffaut qui nous murmure « ni avec toi, ni sans toi »

Simon Pégurier
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