Adieu mon Gil. Adieu mon ami.

L’idée de ces quelques cendres que nous allons disperser me bouleverse au plus haut point

Mon grand ami, mon compère de L’Oreille Qui Gratte Gilbert Taurel s’en est allé.
Hasard des choses j’ai reçu le coup de téléphone (que je craignais tant)  de sa chère épouse Claudine pendant l’enregistrement d’une émission (avec Michel Borla). Précisément durant ce moment qui nous appartenait  à  tous les deux, dans cette recréation que nous aimions tant partager ensemble. 

Gil mon compagnon de route de l’oreille qui gratte nous a quittés mercredi dernier.

Comme je l’ai écrit dans ce papier qui raconte notre histoire http://loreillequigratte.com/lhistoire-dun-studio Gil a porté notre émission pendant tellement d’années. Je suis convaincu que sans lui notre émission n’aurait pas survécue. Durant 10ans c’est toi qui as littéralement tenu la barre

Attiré par les charmes de Vence (il est vrai la plus belle ville du monde) où il y passait régulièrement les vacances en famille Gil quitta la région parisienne pour s’installer sur notre Côte D’Azur.

Professeur d’EMT (on dit Techno je crois aujourd’hui) il a exercé au collège de Villeneuve Loubet. C’est la qu’il fit la connaissance de Benoit. Une amitié naîtra très vite. Benoit lui faisant découvrir l’underground niçois.

Gil intégra l’équipe de L’Oreille Qui Gratte ou il devint assez rapidement le centre. En effet sa soif de découvertes était folle. Curieux il allait découvrir les groupes naissants au Volume ; au Zezamo; au Ketje; à Picaud; à la Zonmé (ou tout autre salle souterraine des Alpes Maritimes)…  Bien que plus âgé que nous il sortait incroyablement plus que nous. Quand nous nous décidions à quitter notre confort douillet; il était à nos cotés pour nous faire part de ses coups de cœur et partager une soirée commune d’échange à bâtons rompus. Si je voulais aller à un concert je ne me posais pas la question j’y allais avec mon Gil.

Le pire c’est que moi le lendemain je faisais la grâce mâtinée et que lui se levait à 5h pour faire une journée à deux roues que ce soit en moto ou  à vélo (bon ça j’ai jamais compris).

A l’Oreille qui gratte il faisait tout : Il trouvait les invités ; assurait 4 chroniques par émission (album de la semaine, coup de cœur, autoproduit, concerts à venir) c’est fou le nombre de groupes que j’ai pu découvrir grâce a lui.

Sa culture musicale était incroyable et pas seulement en rock indé. Même quand il était absent il montait l’émission de A à Z. Moi en façade je jouais à imiter Philippe Manœuvre mais derrière dans l’ombre c’était lui qui avait tout fait.

Il pensait même à mettre dans son sac une bouteille de whiskey rien que pour me faire plaisir. Mais les moments les plus sympas étaient sans doute la route Grasse/Vence que l’on partageait, où à chacun des multiples virages nos sujets de conversation variaient. Il prenait tout à cœur. Les discussions étaient souvent animées. Des qu’on parlait de sa famille son regard brillait. Quel papa et grand père formidable tu as du être…

Dès qu’on touchait à l’intime il était d’une subtilité incroyable, faisant passer tant de choses en sous entendus ou au travers de proverbes. Son expérience de la vie m’a si souvent servi. Gil sauva L’Oreille Qui Gratte et me servit aussi de béquille pour mieux marcher dans ce monde si complexe.

Gil était aussi un citoyen engagé. Son cœur bâtait un poil plus à gauche que le mien. Ce qui fait qu’a chaque élection municipale nous étions adversaires. Mais cela n’a jamais était la source du moindre conflit entre nous. Il n’y avait que des amis sur ta liste.  Un jour une inconnue me dit le sourire jusqu’aux oreilles « j’ai voté pour la liste du chroniqueur de L’Oreille Qui Gratte ».

Il y a environ deux ans, Gil  envoya à Benoit et moi-même un mail qui nous glaça le sang, il nous faisait part de sa maladie, nous remerciant pour tout ce que nous avions vécu ensemble et nous informant que par pudeur il souhaitait couper les contacts durant son combat avec la maladie. Ce mail fut sans doute le plus émouvant que j’ai reçu de ma vie. En aucun cas ce message était un adieu Gil ne cessa jamais  le combat. Certes nous ne nous voyions plus mais échangions des grands mails ou courrier. Et puis à l’été dernier il y eu une accalmie tu es ressorti un peu on te vit a la fête de la musique vençoise pour entendre les formidables Dead Fly Dance, tu participas à l’enregistrement d’une émission de L’Oreille Qui Gratte avec 5 h13, Je fus tellement heureux de partager ces quelques instants supplémentaires avec toi, ce fut un bonus, un cadeau (la personne qui a permis ces retrouvailles est juste une magicienne). On pensait que la fin du tunnel était la. Hélas il n’en fut rien.

En soirée tu avais coutume de disparaître soudainement sans ne rien dire à personne. Si seulement cela pouvait être un de tes départs secrets.

La magie d’internet fait que tes multiples chroniques sont à jamais là en vidéos, que ma discothèque est remplie de disques que tu m’as fait découvrir, que ma bibliothèque est garnie d’album de Margerin que tu m’as offerts, que mon cerveau est rempli de conseil de vie que tu m’as donnés. Personne ne me volera ces souvenirs, ils m’appartiendront jusqu’à qu’on se retrouve la haut.

Bye mon Gil. Bye mon ami.

Simon Pégurier

Photos : Eric Demolli / Mel-Alex SA

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