Y Revenir
Je viens de profiter d’une de ces douce soirée d’été ou le planning se calme un peu pour me plonger dans le livre de Dominique A. Chanteur que j’adule depuis toujours.
Il nous propose aujourd’hui son second livre « Y revenir » après avoir sorti en 2008 « Un bon chanteur mort » qui était plus une explication de la naissance d’une chanson qu’un œuvre de fiction.
Aujourd’hui a l’occasion d’un retour dans sa ville d’enfance Provins (Seine et Marne) pour un concert il nous raconte ses souvenirs.
Bien entendu ce livre m’a ravi il est peut être un peu long à se mettre en route mais des que l’adolescence et là, tout s’accélère, il se permet enfin de nous parler de sa fragilité et de son amour pour la musique. J’ai par moment eu l’impression que Dominique A racontait ma vie, tant mon amour pour ma ville et aussi pour la musique sont grands, je pense que comme lui, si j’aime tant la musique c’est aussi pour me refugier me couper du monde.
Si j’avais un tant soit peu de talent c’est un livre que j’aurais rêver d’écrire ou s’entremêle souvenirs, musique et psychologie. Comme moi il est attaché plus que de raison aux murs de son enfance, comme moi il se cache derrière une carapace comme moi le temps qui passe le change. Même les détails comme détester les leçons de la natation a l’école qu’il ose même comparer au service militaire pourraient être miens. « je vois se profiler le service militaire comme une séance de natation en continu » . Bref ce livre est miroir
J’ai dévoré ce livre d’une traite, il nous permet de mieux connaitre ce chanteur que l’on pense aujourd’hui fort mais ce sont ces figures intimes qui ont bouleversé a tout jamais une chanson française trop tranquille
Simon Pégurier
Je vous propose ci dessous un extrait : qui résume bien je pense le livre où se mêlent, les souvenirs, la cruauté des Hommes, la naissance de l’amour pour la musique, l’aveu de ses propres faiblesses….
« La peur est mon pays. Peut-on l’écrire au titre du lieu de naissance sur la carte d’identité ? Ça me dédouanerait de mon incapacité à être courageux. J’envie ceux qui le sont. Mais la plupart le sont naturellement : leur courage n’est pas le fruit d’une lutte intérieure, il ne leur coûte rien. Je ne peux qu’avoir le cran d’accepter ma faiblesse, et d’en payer le prix, la peur, en espérant qu’elle suscite l’indulgence, et que les autres me laissent « passer »
Ce serait trop beau. S’il en est un qui ne me laisse pas passer, ce n’est pas un enfant, non mais mon instituteur. C’est un homme encore jeune, au visage avenant. Il me cite en exemple, parce que je suis appliqué, ce qui n’accroit pas ma popularité auprès des autres, qui me trouvent à part. Il aime sentir l’odeur de ma peur, et en partager le goût. Remarquant un jour que j’utilise mon index comme gomme, il brandit le cahier maculé de taches grisâtres, et prononce ce mot : « cochon ». La classe, électrisée s’en saisit, et se met à le chanter sur deux octaves, en marquant une césure nette entre le « co » et le « chon » : on dirait une sirène de pompier facétieuse. Le succès de cette distraction incite le Maître à la renouveler. Il me prend un jour à part pour savoir pourquoi je pleure lorsqu’on me traite de cochon.
Le bestiaire de l’angoisse ne s’arrête pas là. L’âne y talonne le cochon, et mon patronyme n’y est pour rien. Le Maïtre somme Eric Crétard de venir au tableau ; il le place sur l’estrade et dessine au-dessus de lui deux grandes oreilles. Les rires sont timides. Eric Crétard se tient droit, son visage n’exprime rien.
Le Maître tombe malade. Une jeune femme le remplace et nous apprend des chansons. Elle repère mon timbre de voix, et me confie les couplets. Pour une fois, être remarqué ne me pèse pas. J’aime chanter, et je n’ai pas de problème à le faire en public, pas encore. Mon assurance inhabituelle intimide mes camarades. Lorsque je chante, tout est simple, les autres se taisent, et baissent la tête.
Depuis ma chambre, j’entends une musique monter du salon. Au bas de l’escalier, un vinyle tourne. J’observe l’aiguille creuser les sillons, comme appuyant sur un point de douleur qui fait s’élever une voix plaintive. Celle-ci évoque la mort d’un amour, dans un pays lointain. La tristesse de ce chant ne me rebute pas : au contraire, elle m’ôte à la mienne son caractère exclusif. M’immerger en elle me raccroche hors de chez moi.
Les mots que porte cette voix en appellent d’autres tapis en moi. J’ouvre des cahiers où ils se répandent bientôt.
C’Est un apaisement, une consolation, immédiate, et renouvelable à l’envi. Le silence, qui semble prendre possession de tout ici, recule.
A l’école, l’étau se desserre : je passe dans la classe du directeur, dont l’humeur égale ne se prête à aucun débordement. Les lieux sont moins austères, les murs plus clairs, la lumière du jour y entre volontiers. Après la cantine, nous regardons des programmes éducatifs sur une télévision fixée en hauteur. Sa présence fait le lien avec la vie à la maison, mais ici, les images sont comme dépossédées de leur pouvoir de nuisance. Des tortues géantes avancent sur des galets, des coulées de lave rampent sur un volcan, des scientifiques collectent des ossements. Je n’en retire rien, sinon le plaisir de voir les images défiler, et d’éprouver qu’à l’école l’extérieur peut s’immiscer.
Lancement de la 18e saison de L’Oreille Qui Gratte
Coucou a tous,
Comme chaque année je fais une pause dans mes activités estivales pour faire un appel a candi ture pour l’oreille qui gratte
Je pose donc le mujito que j’ai dans la main, éloigne mes yeux du planning des innombrables concerts de l’été par contre je garde le brin de lavande que j’ai dans la bouche….
Comme vous l’avez sans doute appris l’Oreille Qui Gratte a changé de formule, www.loreillequigratte.com/post/14080863013/communique-de-presse-loreille-qui-gratte-nouvelle bien que nous soyons toujours diffusés le mardi entre 19h10 et 21h sur Agora. Dorénavant nous enregistrons 3 émissions d’affilée la nuit du premier samedi du mois. Nous essayons de constituer un plateau cohérent avec des échanges musicaux et rencontres inédites. La mayonnaise nous semble prendre, nous avons donc décidé de continuer dans cette formule
Donc si je viens vers vous aujourd’hui c’est pour qu’en fonction de vos désirs de participer a notre émission je me créé un carnet d’adresse de personnes disponibles que je puisse contacter en fonction de la couleur musicale que nous souhaitons donner a nos nocturnes
Donc si vous souhaitez participer a l’Oreille Qui Gratte merci de répondre a ce mail, avec un lien où l’on puisse vous écouter en ligne (My Space, BandCamp…)
Nous allons aussi essayer dans la saison de créer des événements en effet durant la saison nous atteindrons la 600e émission et les deux principaux animateurs fêterons leurs 40ans
Cette saison étant notre 18e nous atteignons presque la majorité, nous espérons donc ne pas nous assagir et continuer avec la même envie, la même énergie, la même passion
Je vois déjà Benoit qui fait des grimaces disant « enfin oui Simon tu écoutes de la musique de vieux maintenant heureusement que Gilbert et moi sommes restes des Punk » Ce n’est pas totalement faux mais au moins il y en a pour tout le monde dans la programmation
J’attends vos réponses par mail (simon.pegurier@wanadoo.fr) et vous donne rendez vous sur les ondes le 02 Octobre
Bises aux filles et tapes amicales dans le dos aux mecs
@+
Simon Pégurier
Il y une Interview des hyper talentueux nicois d’Hyphen-Hyphen dans les Inrockuptibles # 867 (du 11 au 17 Juillet)
Retrouvez ici en Pod Cast leurs deux venues à L’Oreille Qui Gratte
Le 23 Mars 2010 (# 508)
Pt I : www.wat.tv/audio/508-the-hyphen-pt-2dzjv_2jryb_.html
Pt II : www.wat.tv/audio/508-the-hyphen-pt-ii-2dzlf_2jryb_.html
Le 12 Octobre 2010 (# 524)
www.wat.tv/audio/524-pt-ii-hyphen-34qc7_2jryb_.html (Attention l’émission démarre à la 13e min)
Adieu Mr Olivier Bonnafous (Bonnaf)
Je sais que certains d’entre vous, pensent que je prends du plaisir à écrire mes nécros. Evidement quand il s’agit de Gerard Blanc, Carlos, Whitney Houston ou même Michael Jackson j’ai un certain détachement mais croyez moi ce soir en écrivant ces lignes j’ai les yeux tous embués de larmes a tel point que je distingue a peine mon écran.
En effet je rentre d’une soirée qui pourtant partait pour être parfaite, ces début d’été a Vence, où tout le monde s’apaise lors du festival de musique traditionnelle de Lo Cepon en grignotant un met provençal. Comme chaque année j’y ai croisé mon ami Vicky, la première chose qu’elle m’a dit c’est « Tu as appris pour Olivier ? Il est décédé dans un accident de voiture »
Une information malheureusement confirmée par une brève lapidaire de Nice Matin : www.nicematin.com/derniere-minute/accident-mortel-a-saint-cezaire-sur-siagne.922476.html
Evidement je savais qu’il bouffait la vie par les deux bouts, qu’il n’avait jamais de répit qu’il était toujours dans les bons coups, prêt a jouer d’un instrument ou a festoyer.
C’était un personnage rare qui avait à la fois une gentillesse extrême, une envie de vivre réelle mais en même temps une rage indéniable. C’est d’ailleurs ce mélange qui a donné naissance a son projet solo « Loulou Saint Chauve » on l’avait reçu dans notre Oreille Qui Gratte le 21 avril 2009 et on avait vu naitre sous nos yeux un nouveau Léo Férré qui racontait en poésie son entrée dans la ville et qui commentait tout cela avec humour et rage. Nous étions restés bouche bé.
Vous pouvez réécouter l’émission en PodCast ici :
Pt I : www.wat.tv/audio/474-loulou-saint-chauve-pt-558ez_2jryb_.html –
Pt II : www.wat.tv/audio/474-loulou-saint-chauve-pt-ii-558eb_2jryb_.html
On s’était juré de le faire revenir, j’y ai souvent pensé mais voila….
D’ailleurs a chaque fois qu’il venait a l’oreille qui gratte que ce soit avec Tchapakan ou Rosco il est content on passait une soirée exceptionnelle, en ayant mal à la mâchoire a la fin de la soirée à force d’avoir trop ri. A chaque fois on se disait ; on se revoit, on fait une bouffe avec nos enfants mais la vie va trop vite. Je me souviens très bien que ces propositions n’étaient pas en l’air, il prenait son agenda mais il était toujours over booké pour au moins les 3 semaines a venir, rendant service a un tel ou jouant avec un autre. Bref…
Comme je regrette ce soir ces rendez vous manqués ? Comme je regrette aussi de ne pas lui avoir offert un nuit qui gratte, je suis persuadé qu’on ne se serrait pas ennuyés une seconde. Comme je suis triste pour moi égoïstement, pour ses amis, pour l’ambiance des soirées dans le pays grassois, pour la scène musicale locale, mais bien sur surtout pour son fils, sa femme, sa mère….
La vie est injuste
Tout partait pourtant pour être parfait ce soir l’air frais, de la bonne musique, des amis prés de moi… mais ce soir tout en écrivant je regarde les dernières lumières allumées de Vence surmontées d’une lune presque pleine, (comme des lanternes qui te rendraient hommage) et j’ai le cœur lourd, je me dis que nous perdons un grand monsieur, par contre la haut ils doivent déjà danser, rire avec toi. Le plaisir de te retrouver rendra à chacun de nous notre mort moins pesante
Comme le dit Neil Young : it’s better to burn out than to fade away (il vaut mieux brûler franchement que s’éteindre à petit feu)
Je t’embrasse l’ami.
Simon Pégurier
Voici quelque vidéos de
L’Oreille Qui Gratte :Un nain jaune à Bangkok ; non pas que les taillis landais soient petits : www.youtube.com/watch?v=_QIF9iCuN2s
Viens faire la sieste avec moi ! : www.youtube.com/watch?v=UMolYwvPlGA
C’est comm’ça qu’ça commence… : www.youtube.com/watch?v=dkN5MFe0uXQ
Splendeurs de l’Europe : www.youtube.com/watch?v=fllPUx5VJSk
Madame Rêve (Bashung) : www.youtube.com/watch?v=3nUNBqjImMc
Tchapakan : chui tombé : www.youtube.com/watch?v=roGKU3uV8tk
Tchapakan : L’araignée au plafond : www.youtube.com/watch?v=x8L-LyMBujU