Autant le dire d’emblée, je ne suis pas un fan de rap…fût-il post-punk ! Mais là, le duo de Nottingham revient avec un album tellement puissant que pour paraphrase certains je dirai : « je kiffe »
Depuis 2013 Sleaford Mods a imposé son style sans jamais aucune concession. C’est dépouillé, ça repose sur l’ « instrumentale » rachitique d’Andrew Fearn et le verbe tellement riche de Jason Williamson.
Et ça fonctionne de manière extraordinaire en marge de tout le paysage musical actuel. C’est tellement atypique que je ne vois pas à qui les comparer
Spare Ribs (travers de porc) réussit là où son précédent album (en 2019) échouait plutôt. En alliant la concision du post-punk aux sonorités électro, le groupe atteint un nouveau stade. Et la grosse différence cette fois, c’est que Williamson n’est plus seul à tchatcher. Pour étoffer et moderniser le duo, ils ont fait appel à deux invitées de marque : Amy Taylor (encore elle ! « Nudge It« ) et Billy Nomates sa fille spirituelle (« Monk’N’Mindy« )
Jason Williamson, chanteur-prédicateur et Andrew Fearn, homme-machine longiligne, secret, hochant toujours la tête, presque transparent, une éternelle canette de bière à la main. A eux deux, le groupe le plus excitant et le plus fédérateur du Royaume-Uni, est un coup de punch dans une Angleterre en berne, déchirée par le Brexit et meurtrie par le Covid.
Ils sont deux : un qui écrit et qui éructe sur scène, Jason Williamson, l’autre, Andrew Fearn qui ne dit jamais rien, et ne fait pas grand-chose (en apparence) mais qui produit toutes les boucles, répétées de leurs morceaux.
Jason Williamson en profite de ce disque pour fustiger ces « groupes de posture », qui selon lui, s’inventent une origine modeste et une cause, mais qui n’ont aucun accent de vérité.
Porte-parole de la « working class », Sleaford Mods ne vend aucune image, c’est son vécu. La classe politique en prend pour son matricule mais avec cet humour mordant qui le caractérise.
Attention, après écoute de cet album, vous risquez de mettre toute leur discographie à la poubelle, Spare Ribs la synthétise et l’écrase aussi !
Je trouve étonnant qu’un tel élan puisse être impulsé par un duo de quinquagénaires rendus à leur sixième album. Mais pourquoi pas le fait est que nous vivons une époque étrange.