Qui se souvient de Whale, groupe suédois qui a connu un petit succès européen dans les années 90 ?
Mené avec brio par la folie douce de la chanteuse et présentatrice Cia Berg, devenue Cia Soro, ce groupe était aussi composé de son petit ami de l’époque Henrik Schyffert, lui aussi animateur télé et également comique et de l’ingénieur du son et designer Gordon Cyrus, bassiste à l’origine du projet aussi connu pour avoir fondé le label d’urban music Breakin’ Bread.
Alors qu’il est difficile de se retrouver concrètement parmi leurs influences à la fois inspirées du label Sub Pop, flirtant autant avec l’expérimental que le trip hop, les musiques électroniques ou encore le hip hop, on constate vite chez ces trois fortes personnalités un sens de l’humour irrésistible et une petite obsession pour la chose, les paroles de Whale possédant souvent un lien avec ce qu’il se passe en dessous de la ceinture. Une volonté de ne pas se prendre au sérieux qui séduit le public et les critiques, car elle semble en totale contradiction avec leurs compositions pourtant extrêmement bien travaillées et maîtrisées. Leur talent ne passe pas inaperçu et ils tapent dans l’œil vitreux d’un certain Tricky, qui assistera à la production de leur premier album We Care et posera même sa voix dans quelques morceaux. We Care sort en 1995, mais leur premier single Hobo Humpin Slobo Babe affole déjà les charts depuis plus d’un an, avec ses guitares furieuses et son refrain aux allures de chant de supporters. Il remporte d’ailleurs le MTV Europe Music Award pour son clip délicieusement absurde réalisé par Mark Pellington, remarqué plus tard pour ses films certes (Arlington Road, The Mothman Prophecies…), mais aussi son travail auprès de U2, Pearl Jam, INXS ou encore Nine Inch Nails.
En étant si bien entourés, il ne leur faudra pas attendre longtemps avant de tourner auprès de Tricky évidemment, mais aussi de partager les dates de gros noms tels que Blur ou Placebo.
Trois ans plus tard, le trio devient quintet. Nouveau line up et nouvel album. Leur deuxième effort s’intitule All Disco Dance Must End in Broken Bones. La mentalité et le désir d’innover restent les mêmes, mais malheureusement la formule, bien qu’efficace aura moins d’impact qu’en 1994, et le groupe se sépare presque dans la foulée, juste après la sortie du premier single Deliver The Juice. Une carrière qui se termine en même temps qu’une décennie, celle de toutes les fusions possibles, à l’image de ce groupe fort sous-estimé.