Ty Segall Freedom’s Goblin

Que dire sur « le »  Ty Segall 2018 ? Je pourrais céder à la facilité et parler de bon millésime, de bon cru et retracer l’ensemble de sa discographie, le qualifier d’artiste boulimique, préciser qu’il donne dans le rock garage et hop le tour serait joué !  Et oui, presque tout a été raconté en long, en large et en travers et tous les magazines spécialisé y vont de leur petite chronique dithyrambique à chaque sortie d’album.

Pourtant, pour ceux qui le suivent, et l’attendent comme un Noel rock chaque année, Ty Segall revient avec son nouvel album.  Et la même question se repose à chaque fois depuis dix ans : faut-il encore y croire ? Et cette fois encore la foi revient, grâce à ce Freedom’s Goblin.  Ty évoque même la musique comme une religion, où les disques sont des bibles et les concerts des messes.

Attaquant par un morceau toutes guitares dehors avec “Fanny Dog“, l’affaire reprendrait presque là où Manipulator (2017) les avait laissées. Et puis “Rain” nous prend par surprise avec un titre mélo aux accents épiques. On savait le bonhomme fasciné par les films d’épouvante et l’existentialisme, on le découvre ici disco, rejouant sans le dénaturer Everyone’s a Winner de Hot
Chocolate. Et enfonce le clou avec Despoiler Cadaver. Un groove à porter des pattes d’éph.

Gonflé à bloc par sa première collaboration avec Steve Albini dans le précédent opus, qui enregistre la moitié des morceaux de l’album 2018, Segall fait pleurer de lourdes guitares, alterne le gras, le sec, surprend tout au long des 19 titres, façon disco (on en a parlé) mais aussi du bon vieux rock old school – du Beatles aussi avec my lady’s on fire entre autres. Il se fait zeppelinesque dans She – Un panel extraordinaire !

Alors que beaucoup n’écoutent plus autrement que par listes et affinités sur les plates- formes, Ty Segall réalise une série de flashes qui nous égare parfois, mais qu’il faut avaler d’un trait. Ah…par ici, une inflexion sixties, et puis là un retour  nineties, tiens là métaleux et là encore, comment ne pas entendre un retour au glam rock… Relectures, enluminures, arrangements et on terminera en apothéose par un morceau de 12 minutes

A force de multiplier les efforts, il est admirable que le bonhomme ne sombre pas dans l’auto-référence ou dans le pillage intempestif de ses héros., Ty Segall réussit encore ici à nous intriguer, nous ravir, nous captiver.

Dans une époque où le format album est sans cesse évoqué comme « as been », sortir  un presque double album ne se fait pas sans une certaine idée de la liberté

C’est Ty Segall le Lutin Libre

Gil Tau

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