Soleil Noir à La Traverse
- 16 mars 2025
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Paul Moracchini et Pierre Brun sont des professionnels qui vivent de la culture.
Vivre de la culture implique de faire des compromis. Pour préserver leur liberté, ils ont monté deux projets parallèles, pensés comme des espaces de création récréatifs. Mais chacun se souvient qu’à l’école, le moment le plus important, c’était la récréation. D’ailleurs, on ne se rappelle presque que de ça.
Ils mettent donc toute leur âme et toutes leurs tripes dans Soleil Noir (chanté en français) et Pumba & The Papas (chanté en anglais).
Vendredi, ils avaient accepté l’invitation de L’oreille qui gratte à La Traverse Vence pour nous offrir la toute première date de Soleil Noir.
Les premières fois, on est toujours un peu timide. Au début, ils avançaient sur des pattes de velours, mais au fil des morceaux, ils ont pris confiance et nous ont livré un set d’une rare beauté.
Leur répertoire est chargé de poésie.
On pense beaucoup à la période romantique de Ferré. J’ai particulièrement ressenti l’influence de « La Mémoire et la Mer » et de « Ton Style ». Pour moi, ils ont touché en plein cœur. « Ton Style » est en moi, il m’obsède… Cette manière incisive et libre de passer de l’affection au mordant, jusqu’à la froideur glaçante. Cette oscillation entre fascination et rejet. Cette manière impudique de réclamer à nouveau la peau perdue. Cette façon de répéter « Ton cul », avec une intensité presque envoûtante.
Certains doivent parfois croire que j’ai le syndrome de Tourette quand je me surprends à chantonner « C’est ton cul, c’est ton cul ».
Chez Ferré, on est dans la désillusion de la fin d’une histoire. Ici, le soleil (noir) brûle encore, brille encore, et ils mettent toute leur énergie pour qu’il le reste éternellement.
Le set de Soleil Noir a duré 50 minutes. Intense, montant progressivement en puissance. Après ça, il nous a fallu une belle pause de 30 minutes pour reprendre nos esprits, avant d’enchaîner avec 40 minutes de Pumba & The Papas, un projet rôdé au millimètre. Dès la première seconde, le public de La Traverse a embarqué, chantant en chœur les « la la la la la » de A Horse With No Name d’America.
Et puisqu’on se souvient toujours des premières fois, cette soirée restera gravée à jamais dans la mémoire de Pierre et Paul, et sans doute longtemps dans la tête du public, qui en sortant avait tous le sourire jusqu’aux oreilles.