Qui se souvient… ? Sloy

Qui se souvient de Sloy ?

Ces dignes représentants du noise rock français dont les clips de Pop  et Idolize faisaient les beaux jours, ou plutôt les belles nuits de M6, à l’époque où nos chaînes de télévision nous proposaient des programmes musicaux dignes de ce nom ?

À celles et ceux qui répondraient par la négative, sachez qu’Armand Gonzalez, Virginie Peitavi et Cyril Bilbeaud avaient pourtant marqué nos chères années 90 avec une carrière digne d’un conte de fées qui aurait été écrit par Lester Bangs. Lassés de leur Hérault natal, ils décident de bouger vers Rennes à raison, puisque c’est là qu’ils seront repérés par le label RoseBud. Ils ne feront que grimper par la suite, notamment après une prestation inoubliable dans le cadre des Transmusicales. John Peel les invite à l’une de ses fameuses sessions sur BBC Radio 1 et l’année suivante, en 1995, c’est au tour de Steve Albini de leur faire les yeux doux. Ils enregistrent leur premier album Plug en sa présence et font les premières partie de Shellac. Un bonheur n’arrivant jamais seul, ils charment de cette manière une certaine PJ Harvey, venue à la base applaudir le projet du célèbre producteur. Vous devinez bien évidemment la suite, ils finissent par ouvrir l’un de de ses concerts londoniens et leurs sons avant-gardistes et expérimentaux séduisent la critique britannique, avec notamment des éloges de la part de Melody Maker ou encore NME.

Leur deuxième album, Planet of Tubes et non seulement une fois de plus enregistré par Albini mais également masterisé aux studios d’Abbey Road. Et l’ascension continue avec une petite médiatisation, dont un remarquable passage sur le plateau de NPA en 1998. Cette même année, Noir Désir les sollicitent pour leur album de remixes One Trip One Noise avec une reprise brillante et atypique du morceau Les Écorchés.

Paradoxalement, ce moment où rien ne semble les stopper marque progressivement la fin de ce parcours sans faute. Leur troisième effort intitulé Electrelite ne fait pas l’unanimité. Le public ne suivra pas autant les influences des années 80 voire même du disco parfois que les délires bruitistes des débuts. Sloy se sépare en 2000 après une dernière grande tournée et quelques premières parties de Placebo.

Armand, Virginie et Cyril ont continué à exploiter leur énergie phénoménale au sein de divers projets (Sabo, Zone Libre, 69, Corleone) naviguant entre folk, free rock, rap ou electronica.

Comme une volonté d’explorer tous les paysages musicaux possibles, ce qui n’étonne guère quand on sait que ces passionnés sont influencés à la fois par Devo, Talking Heads, Pere Ubu et Joy Division. Encore à celles et ceux qui répondraient par la négative: ruez vous sur la discographie de ce groupe culte, dont la musique fut parfois qualifiée « d’épileptique rock ». Vous comprendrez vite pourquoi nos amis anglophones en sont tombés amoureux et vous aurez du mal à vous en passer.

Sandra Cillo

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