Quand je décide de jouer la madeleine de Proust l’un de mes premiers souvenirs avec la musique remonte au trajet en voiture que je faisais avec mon père lorsqu’il allumait l’autoradio. De tous les titres qui passaient sur nostalgie je ne me souviens plus que de « La nuit je mens » dont j’ai essayé plusieurs fois de comprendre les paroles. (Papa pourquoi le monsieur il dit dans une chanson qu’il vole des amphores ?). Je mettrai finalement 5 ans à comprendre le texte de ce chef d’œuvre.
En parallèle de l’incompréhensible sauteur à l’élastique, je me souviens aussi d’Alain Souchon passant sur les fréquences, je trouvais déjà « Foule sentimentale » magnifique, très amusé par la métaphore de « L’amour à la machine ». Il restait deux titres, « On avance » qui m’amusait seulement car j’entendais « On a Vence », très chauvin le petit. Mais il y avait surtout « J’ai dix ans », l’impression d’entendre la B.O de ma vie. J’avais moi aussi 10 ans à cette époque et je me reconnaissais parfaitement dans cette chanson. « Je vis dans des spheres ou les grands n’ont rien à faire, je vois souvent dans des montgolfieres des géants et des petits hommes verts ».
C’est donc dans une vraie nostalgie que je suis allé voir Alain Souchon au théâtre Anthea ce vendredi 22 Octobre 2021 et la première impression est très amusante. En regardant dans le public je comprends vite que je suis le plus jeune. Laissez-moi rêver que j’ai dix ans. Le concert commence et il apparaît un Alain de 77 ans débordant d’énergie pour son âge, assez impressionnant. Encore plus impressionnant il nous livre un set de presque deux heures mélangeant ses plus grand hits et les morceaux de son nouvel album, le tout assaisonné d’une touche d’humour entre chaque morceau. De quoi oublier nos malheurs le temps d’un concert, et il en est conscient en finissant en solo acoustique le concert avec « La vie ne vaut rien ».
Chronique : Baptiste Pégurier
Photo : Francois Xavier Noat