Qui se souvient de Drain ou Drain S.T.H (en raison de leur ville natale, Stockholm), groupe exclusivement féminin qui avait fait son petit effet lors de nos chères années 90 ? Beaucoup de scandinaves et d’américains s’en rappellent déjà probablement mieux que nous, vu le succès qu’elles ont rencontré dans ces deux parties du globe.
Drain, c’est tout d’abord une rencontre, entre la guitariste Flavia Canel et la batteuse Martina Axén. Les deux musiciennes officient dans divers groupes, notamment Livin’ Sacrifice, formation punk, elle aussi entièrement féminine, qui a évolué dans un registre plus hard rock sous le nom d’Aphrodite.
Après de nombreux bouleversements au niveau des styles certes, mais aussi concernant leur line up, leur carrière prend enfin un tournant décisif grâce à Anna Kjellberg et Maria Sjöholm, respectivement bassiste et chanteuse de ce qui deviendra donc Drain. Leur métal alternatif pourtant étrangement influencé par Alice in Chains séduit les foules.
Les tournées s’enchainent pour elles aux côtés de grands noms comme Type O Negative, Corrosion of Conformity, Machine Head, Megadeth, Godsmack et même les monstres sacrés Black Sabbath avec lesquels elles partagent la scène du fameux Ozzfest en 1997 et 1999.
Pour la petite anecdote, Maria Sjöholm n’a pas seulement saisi qu’une opportunité artistique par le biais de cet événement puisque le mythique guitariste Tommy Iommi finira par devenir son époux en 2005.
Les parenthèses du name-dropping et de la vie privée désormais fermées, il est temps de se focaliser à nouveau sur le son de ces suédoises. Très technique et basé sur une dichotomie entre des compositions lourdes et puissantes et des lignes de chant sensuelles et élégantes. Un mélange qui ne se caractérise plus vraiment par son originalité de nos jours soit, mais qui a le mérite d’avoir surpris les auditeurs d’une époque et d’un endroit qui n’en avaient pas forcément l’habitude. Un son que vous pouvez explorer au fil de l’EP (Serve the Shame) et des deux albums (Horror Wrestling et Freaks of Nature) qu’elles ont sorti entre 1995 et 1999. En guise de révérence, elles ont collaboré à la bande originale de la stoner comedy « Detroit Rock City » d’Adam Rifkin avec une reprise heavy, ralentie et crasseuse du « 20th Century Boy » de T-Rex.
Depuis le début du 21ème siècle justement (la transition était trop parfaite), chaque membre a su s’épanouir dans divers projets parallèles. Flavia a rejoint les groupes Anotherday et Blowsight. Anna a rejoint la formation Hanzel Und Gretyl et a tourné en 2007 avec les Revolting Cocks, appelée et recrutée par Al Jourgensen en personne. Toujours dans le domaine du rock industriel, Martina a remplacé Tobey Torres au chant dans Snake River Conspiracy en 2004, pour finalement se consacrer à sa carrière solo en 2006.
Malgré divers changements au fil de leur parcours, ces artistes venues du froid ont toujours su garder individuellement un style bien à elles, profond et énergique. Une intégrité qui donne envie d’étudier l’ensemble de leurs projets respectifs.