Qui se souvient ?…. Chokebore

 Je serais tentée comme à l’accoutumée de demander qui se souvient de Chokebore, mais je ferai exceptionnellement l’impasse sur cette traditionnelle question, tant la fan base de ces hawaïens a été solide jusqu’à leur split de 2005, poursuivant désormais les aventures en solo de leur leader Troy Von Balthazar.

C’est en 1993 que naît le projet de ces musiciens originaires d’Honolulu dont les titres sont pourtant très loin d’évoquer les ukulélés et les chemises à fleurs.

Exilés à Los Angeles et d’abord nommés Dany Lynn d’après le pseudo d’une actrice porno américaine, le groupe se fait notamment connaître grâce à Nirvana qui leur demande d’assurer plusieurs de leurs premières parties, trois mois avant le suicide de Kurt Cobain. Cobain qui a d’ailleurs qualifié Chokebore à maintes reprises comme l’un de ses groupes favoris, guère surprenant en analysant leurs discographies respectives. Car si ces deux formations ne se ressemblent pas vraiment musicalement, elles représentent chacune dans leur registre un état d’esprit triste et torturé. À l’instar de leurs camarades d’Aberdeen, Troy et sa bande dépeignent des thèmes comme ceux de la solitude et de la dépression dans une atmosphère lourde et sombre, avec ce je ne sais quoi de lascif et d’envoutant qui fait la différence lorsqu’on les compare au reste de la scène américaine de l’époque. Une originalité qui a séduit Amphetamine Reptile Records qui a fait naître Motionless, alors que ce mythique label comptait déjà parmi ses bébés des groupes comme Helmet, Unsane ou encore The Melvins. Ils tourneront ensuite avec d’autres monstres sacrés tels que Girls Against Boys ou Butthole Surfers et leur carrière ne connaîtra aucun bémol. Les albums s’enchaîneront et leur notoriété ne fera qu’accroître en particulier outre atlantique. Les trois albums suivants (Anything Near Water en 1995, A Taste For Bitters en 1996 et Black Black en 1998) seront même enregistrés en France. Il y aura un retour aux sources californiennes en 2002 avec la sortie d’It’s a Miracle et enfin leur unique album live A Part From Life en 2003, enregistré une fois de plus dans notre pays, plus précisément dans le cadre de la Route du Rock De Saint-Malo. Malgré quelques changements de line up et des déplacements réguliers, le groupe à toujours souhaité être le plus sincère possible avec son public, en lui offrant des prestations intenses, à l’image de sa musique, à la fois mélancolique et enragée.

Celles et ceux qui ne se remettent pas de leur séparation et qui en redemandent après leur brève réformation durant quelques dates en 2009 et 2010 peuvent se consoler avec la carrière solo de Troy Von Balthazar, dont la musique est plus intimiste, pop et lo-fi, mais toujours extrêmement lucide et touchante.

Sandra Cillo

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