Pour les mécréants comme moi, un groupe rock se baptisant Nouveaux Paëns – New Pagans – ça suscite quelque interrogation et donc ce qu’ils racontent et aussi leur histoire et leur musique m’interpelle…
Après un single en 2016 «I Could Die», et en 2020 l’EP « Glacial Erratic » le quintette nous gratifie ici en 2021 d’un album très attendu The Seed, The Vessel, The Roots And All.
Bien que ses camarades se soient fait les dents en jouant dans diverses formations de la scène musicale Irlandaise, Lyndsey Mc Dougall n’a aucune expérience d’un groupe avant de former New Pagans.
New Pagans, c’est trois hommes et deux femmes, profondément épris de musique, d’art, de religion, d’histoire, de féminisme. Mc Dougall a été élevée dans un foyer religieux, et dans un cadre théologique moral subverti et cela l’a forcément influencée. A cette époque elle écoute de la musique profane « interdite » comme les Pixies ou les Smashing Pumpkins pendant que ses parents dorment. Le rock alternatif musclé identifiable dans la démarche de New Pagans n’est pas loin des guitares de Sonic Youth, dont Kim Gordon est d’ailleurs l’icône musicale.
A leurs débuts ils contaient des histoires de maternité et de vrais monstres dans un mélange gothic-indie et leur rock déjà incisif ! Et cette orientation est plus qu’évidente dans ce premier album qui est plein de rock indé bruyant et mordant qui sonne comme une urgence. Le mariage de la voix et de l’image chargées de tristesse de Lyndsey McDougall , avec la furie totalement explosive de Cahir O’Doherty est imparable. McDougall chante et sa voix claire contraste avec la tempête de guitare et de batterie derrière elle.
Lyndsey McDougall est chanteuse mais aussi une chercheuse dont la thèse de doctorat examina le rôle oublié des artistes féminines dans l’histoire à travers leurs travaux pour des organisations comme l’Église irlandaise ou les francs-maçons.
Sa mission avec New Pagans partage cette thèse : « amplifier les voix marginalisées, en particulier celles des femmes, et s’interroger sur la manière dont l’histoire décide des histoires dont on se souvient et de celles qui ne sont pas racontées ».
La piste de clôture «Christian Boys», est une réplique à l’hypocrisie sexiste de l’Église. «Les garçons chrétiens sont les pires que je connaisse», répète McDougall dans la chanson,
« Nous aspirons à la victoire, donc de belles choses peuvent grandir», chante-t-elle à la fin du morceau d’ouverture «It’s Darker», offrant une sorte d’énoncé de mission au groupe qui dirait que les livres d’histoire sont écrits par les gagnants.
Si tel est le cas, les nouveaux païens devraient sans aucun doute avoir leur mot à dire.
Gil Tau
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