20ème anniversaire oblige l’année 2017 avait été une année d’exception pour les Nuits Du Sud avec pas un mais deux festivals : Le Printemps des Nuits du Sud (http://loreillequigratte.com/le-printemps-du-monde-a-vence ) et le festival d’été (http://loreillequigratte.com/20-ans-des-nuits-du-sud ).
Cette année retour aux affaires courantes pour notre festival avec 8 soirées espacées entre le 19 juillet et le 03 août.
Pour l’attaque de sa troisième décennie le festival a perdu sa couleur «musique du monde» pour devenir un festival totalement éclectique
Tour d’horizon. Le festival démarre par Gaël Faure que nous avons découvert grâce à la nouvelle star. Son spectacle ne retourna pas les foules, mais pourtant nous pouvons remercier 1000 fois Gaël d’être venu à Vence, car il avait dans ces valises le légendaire Alain Souchon. La souche fit un concert relativement court mais libéré de toute promo d’un album. Il a fait un concert « best Of » n’offrant que des tubes intergénérationnels où chacun des spectateurs connaissait par cœur la moindre parole. Avant lui son fils Pierre Souchon a fait la transition avec des chansons enfantines qu’on aurait pu croire écrites par Henri Dès. L’annulation de dernière minute de Slim Paul a permis à notre ami Jude Todd de se produire sur la magnifique scène vençoise. Son concert quasi improvisé fut à la fois mélodique et touchant, un bel artiste en devenir. A la manière d’Avril Lavigne Kyo a tout l’attiraille rock : son, look, attitude… Le début du concert est donc une claque mais très vite on se rend compte que la coquille est vide. Kristel fut incontestablement la découverte du festival, du bon rock qui envoie comme on l’aime. Bravo au programmateur pour la surprise.
Tout le monde connaît Alonzo, nous ne nous éterniserons donc pas sur son rap marseillais, par contre mes enfants, quelle ambiance sur la place du Grand Jardin… J’avais rarement vu ça. Il y a donc des jeunes à Vence, et des jeunes qui aiment sauter partout. On connaît et on apprécie Luz Casal c’était donc un bonheur de réentendre la diva, bien que son répertoire actuel ne soit pas le meilleur. Par exemple je n’aime pas Dalida en français, je n’aime pas Dalida en Espagnol. Havana Meets Kingston, choc entre la Jamaïque et Cuba, le tout joué par des musiciens à la technique parfaite. Une grande réussite. Habituellement le reggae est joué par des musiciens qui n’ont pas la moindre base de solfège, comme quoi quand la technique est là ça peut parfois tout changer. Roberto Fonseca est sans doute la déception du festival, habituellement habitué à de grands shows, il s’est ce soir-là littéralement endormi sur son piano. Quand un de ses musiciens le réveillait il se rappelait qu’il était dans un festival festif, il jouait alors deux trois notes de salsa pour se rendormir aussi vite. Après cette sieste musicale nous étions tous en forme pour LE concert du festival Feu ! Chatterton. Ce groupe que vous avez découvert avant tous les autres à L’Oreille Qui Gratte a fait un concert parfait, des textes et de la hargne. Ils ont écouté et digéré tous les plus grands Gainsbourg, Manset, Thiéfaine, Bashung, Tanger, Brel… Ce groupe est un bijou qui va laisser une trace indélébile dans l’histoire de la chanson (du rock) français.
Imarhan sur le papier c’est parfait, du rock arabe mélangeant la culture du Maghreb et la culture anglo-saxonne, dans les faits ça manque de volts, dans le même style on préfère les marseillais de Temenik Electrik. Trust : on n’aime pas le hard rock mais comme ils sont les seuls à faire ça en français, on doit admettre que c’est drôle et réussi. Pour moi qui suit travailleur social entendre Anti-Social repris par une foule entière ça me fait toujours bizarre. Alsarah & The Nubatones même cause, même effet qu’Imarhan, parfaits sur le papier, mais clairement trop intimistes pour une scène aussi grande que celle des Nuits Du Sud. En 2012 Al Mc Kays avait réussi à faire croire qu’il avait avec lui les vrais Earth Wind & Fire or dans les faits c’est un groupe tribute. Le décès récent du membre original Maurice White a permis à tout le monde de se rendre compte de la supercherie. Mais qu’importe ce groupe de tribute le fait à merveille et la place du Grand Jardin a mis ses habits discos comme aux plus belles heures de la fin des années 70.
Pas une édition des Nuits Du Sud sans une soirée reggae. Cette année ce fut la dernière, l’un des nombreux fils Marley, Julian retournant la place du grand jardin pour la plus grosse affluence du festival. Nous avons commencé notre chronique en rappelant qu’à l’ origine les Nuits Du Sud étaient un festival tourné vers les sons du Buena Vista Social Club. A cette époque-là nous avions demandé à cor et à cri Sergent Garcia. D’après nous cette salsa française se prêtait à merveille à la couleur de l’époque du festival. Nous fûmes entendus. Sergent Garcia en est à sa troisième visite et il nous régale toujours autant.
Dans les rares points négatifs de l’année regrettons la disparition des talents des Nuits Du Sud, ce tremplin très pointu nous faisait chaque année découvrir des perles de la scène locale. Certes le tremplin existe toujours, il s’est exporté au Broc, mais il ne bénéfice plus de la même résonance. Peut- être serait-il possible, comme nous l’avions déjà suggéré par le passé, de profiter de la fête de la musique (qui a lieu quelques jours avant le début du festival) pour redonner une scène vencoise à ces talents émergents.
Dans les points positifs notons que le son a été assoupli ce qui crée une meilleur qualité d’écoute, les lumières elles sont plus douces et plus belles que les années précédentes.
Nous avons déjà hâte d’être là pour le twenty two festival.
Simon Pégurier
Photos : Luz Casal, Alain Souchon, Feu ! Chatterton, Jude Todd, Imarhan