Les Nuits Du Sud 2011

14eme édition des Nuits Du Sud

Vous l’avez sans doute lu dans les medias le Jeudi 07 Juillet il y a eu un tremblement de terre au large de la Corse, les secousses ont été ressenties sur tout le littoral du sud-est de la France.  Tout le littoral ? Non, une charmante ville entre mer et montagne Vence a résisté à ce séisme. Comment peut on l’expliquer, tout simplement, car à la même heure démarrait le désormais incontournable festival des Nuits du sud.

 Pourtant très sincèrement à la lecture de la programmation on n’avait pas totalement frissonné, à mon gout il y avait cette année une trop forte connotation reggae. Serge Gainsbourg disait qu’à la différence du classique la chanson était un art mineur, Guy Beart s’était étouffé en direct devant cette affirmation, gageons que si le grand Serge avait parlé du reggae personne n’aurait réagi. Mais je m’étais trompé sur toute la ligne et une fois de plus Téo Saavedra le programmateur et co-créateur de ce festival aux cotés de Christian Iacono a vu juste. Je dirai même il a touché dans le mille. A tel point que c’est la première année depuis 14ans où je n’ai pas manqué la moindre soirée du festival.

Le feu d’artifice commença donc par Jaqee, cette ougandaise nous proposa un ska old school de bonne facture qui tint largement en haleine les très nombreux spectateurs venus pour voir les prodiges de Gotan Project. Ces franco-argentins ont purement et  simplement réinventé le tango, en y ajoutant de nombreuses touches d’électronique. Leur musique est hypnotique et captivante. De plus les images diffusées constamment derrière la scène scotchaient notre regard. Je n’aurais jamais pensé assister un jour à un concert de Tango et en redemander ! À tel point qu’à mon retour à la maison j’ai commandé leur album. Bref un must la barre était très très haute pour la suite.

Défi relevé haut la main dès le lendemain par une soirée à double tête d’affiche avec Yael Naim et Patrice, mais avant cela les Antibois des P’Tits Gars Laids (j’adore ce jeux de mots) dans le cadre de la sélection des talents des Nuits Du Sud devaient chauffer l’ambiance. Malgré un immense stress au moment de monter sur scène, ils ont su très vite surmonter leur angoisse pour nous proposer une chanson francaise de rue des plus entrainantes lorgnant vers les Ogres de Barbak ou les Tètes Raides. Ils ont emporté le public qui reprit leurs morceaux tout en dansant. Un véritable succès qui fut reconnu  par le jury qui les déclara gagnants (prix du jury) de ce tremplin. Cela nous donnera notamment l’occasion de les revoir l’an prochain sur la scène vençoise. Vint ensuite la très belle Israélienne Yael Naim, qui évolue dans le même registre que Toris Amos ou Fiona Apple, elle nous fit notamment frissonner avec une reprise du morceau de Nirvana : Smell like Teen Spirit qui a changé l’histoire du rock il y a 20 ans (et oui déjà). Ensuite très grosse ambiance pour Patrice ce franco-allemand à la tète juvénile qui nous proposa un reggae très poétique qui ne tourne pas en rond, séduisant donc aussi le public qui n’aime pas le reggae (donc moi).

Le lendemain la soirée fut ouverte par Electrophazz, groupe habituellement jazz expérimental mais qui pour l’occasion s’était entouré des deux featuring qui ont bien assuré la partie, d’autant que cela n’était pas gagné d’avance puisque ensuite c’était 100% reggae avec tout d’abord le régional de l’étape (Marseille) Jehro, qui réussit à nous faire voyager puis ensuite un gros classique du reaggae  avec Max Romeo. Il nous a semblé qu’il ne jouait  qu’un seul morceau pendant deux heures mais comme ce morceau était de la bombe le résultat était là.

         Calypso Rose

La deuxième semaine commença par Gaio, qui eut fort à faire seul sur une scène aussi grande, mais sa bonne humeur et sa nonchalance à la Julien Doré ont fait le reste on a notamment apprécié une très originale reprise de Mylene Farmer. Puis ce fut Calypso Rose une des plus grosses claques du festival. Cette femme toute en rondeur de 71ans nous a donné l’impression d’avoir 50 ans de moins et nous a transportés dans son univers calypso sans prétention. Zazie était très attendue peut-être un peu trop par ses fans qui, à les entendre, n’ont pas trouvé sa performance sensationnelle. A titre personnel j’ai découvert cet ancien mannequin sur scène et objectivement je ne m’attendais pas à quelque chose de si rock ; dans mon esprit c’était un pendant Féminin au mièvre Pascal Obispo, mais c’est en fait beaucoup plus que cela. En conclusion, en tant que néophyte j’ai aimé mais les anciens fans de Zazie ont visiblement moins apprécié.

Babel Buech Madam’ a zappé tout seul à chaque morceau allant du plus haut au plus bas nous donnant parfois l’impression d’être dans une montagne russe. J’aurais préféré qu’il reste dans son registre manouche là où pour moi il excelle. Juan Fe est rentré sur scène à 320Km heures et n’a pas ralenti une seconde. Ce groupe chilien pourrait faire pâlir de jalousie Manu Chao ou Sergent Garcia, leur rock fourre-tout, à l’énergie explosive emporte tout sur son passage. Peut être qu’il faudrait faire un contrôle antidopage à la fin du concert, autant d’énergie c’est louche, mais que ce fut bon. Ensuite difficile pour Afrocubism de prendre le relais pourtant quelle sacrée pointure !  Eliaches Ochoa entouré  de virtuoses de la musique africaine. Peut être que leur musique est un peu trop calme, ils auraient mérité plus d’attention mais passer après Juana Fe c’était en effet très dur.

        Poum Tchack

Poum Tchack une très belle révélation des talents du Sud, un groupe visiblement ultra rodé, la scène nous propose une musique manouche qui accélère constamment, pour moi ce groupe à sa place sur le podium des Talent Du Sud. Au moment ou j’écris ces lignes je n’ai plus aucun souvenir sur la musique de Mayra Andrade, par contre je me souviens très bien de son physique parfait, de sa classe, de son sourire, à tel point qu’un journaliste présent avec moi lors de la soirée n’a pas pu s’empêcher de faire une demande en mariage. Bon pour la musique je me replonge donc sur mes notes prises à la va vite durant le concert. J’écris mal, j’ai du mal à me relire, mais, visiblement j’avais écrit ça : « joli voyage, mélodieux, vers le Brésil, à la fois chaud et sensuel, dommage que ce soit aussi calme et plat ». Enorme show ou Chaud ensuite avec Femi Kuti : de la musique africaine que n’aurait pas reniée son père Fela Kuti, de l’afro Beat d’exception où le clavier omni présent apporte une touche psychédélique. Et puis quelle magnifique danse des  choristes, je suis resté bouche bée.

La 6eme soirée du festival s’avéra être la moins relevée artistiquement, tout d’abord Nu-K, ce groupe dans lequel on retrouve un vençois propose une musique expérimentale empreinte de jazz et d’électro : une batterie, répondant à un clavier qui répond lui-même à une trompette, une musique d’ambiance, bien propre, mais qui notamment en raison de l’absence de chant n’avait pas vraiment sa place sur une aussi grande scène. Aziz Sahmaoui & University Of Gnawa, j’attendais beaucoup de ce groupe car son leader est l’ancien chanteur de l’orchestre national de Barbes qui nous avait régalés sur cette même place du grand jardin, mais leur musique empreinte de raï n’a pas trouvé son auditoire. Les morceaux étaient trop longs et trop répétitifs pour que l’on puisse vraiment rentrer dedans. Pour finir c’était Israel Vibration, des vieux de la vieille en matière de reggae. Le problème c’est qu’ils se sont arrêtes à Bob Marley et n’ont rien su apporter au schmilblick. Par contre s’il n’y avait pas d’intérêt musical, ça valait le détour notamment en raison des deux chanteurs, tous deux handicapés tenant péniblement debout avec des béquilles mais qui débordaient d’énergie.

Mayra Andrade


Femi Kuti 

Le 23 Juillet fut l’annonce d’un immense gâchis  la mort D’Amy Winhouse, je pense que tout le public n’attendait qu’une chose : que la belle Luisa Maita reprenne soudainement à sa sauce (le prémonitoire) « They tried to make me go to Rehab but I said no, no, no,» c’est-à-dire en version Bossa Nova, sa voix sensuelle aurait chamboulé la place. Avant la belle, les jeunes pousses de The Kitchies ont offert au public toute leur énergie et leur envie pour servir un son pop rock des plus entrainants et efficace. Dommage qu’un problème technique ait rendu leur prestation difficile. La détresse des jeunes de The Kitchies à leur sortie de scène était touchante, émouvante, on avait l’impression qu’ils jouaient leur vie à chaque note, ils étaient donc totalement décontenancés par les problemes techniques qui ne leur avaient pas permis d’être au top de leur potentiel. La soirée fut conclue par Staff Benda Bilili et là énorme claque, tous les membres de ce groupe congolais ont été atteints de poliomyélite, c’est-à-dire qu’ils sont tous en fauteuil et pourtant quelle énergie, quelle envie, quelle enthousiasme de voir danser ces fauteuils roulants sur scène. Il faut dire qu’il est difficile de rester de marbre devant cette musique africaine ultra rythmée jouée par des instruments fabriqués par les artistes. Quelques jours après ils ont joué à Nice au Théâtre de Verdure, j’ai appris que beaucoup de personnes les ayant découverts à Vence se sont a nouveau déplacés.

          

                                                                                              Renegades Steel Orchestra

Le 28 Juillet avait des accents manouche avec tout d’abord Manouchka Orchestär, qui nous proposa un jazz manouche d’exception. Ce fut un feu d’artifice sur scène, même les écrans géants de la scène avaient le feu puisqu’ils indiquaient en gros « attention à la température », l’ambiance monta constamment pendant tout le concert, a tel point qu’après on était tous épuisés. On a pu se reposer ensuite car le groupe suivant Renegades Steel Orchestra a, de l’avis unanime, ennuyé toute la place. Grosse déception donc pour ces musiciens venus de Trinité et Tobago, qui sur des futs reprennent des airs ultra connus. En me baladant j’ai entendu ce bout de dialogue très juste « La Femme : C’est quoi comme musique Renegades Steel Orchestra ? Le mari de répondre : c’est Bidon » Humour ou 1re degré je ne sais pas.  Apres ce moment de reposça  bougeait dans tous les sens avec un retour à la musique Tzigane : Emir Kusturica & The No Smoking Orchestra qui, musicalement nous a tous un peu  déçus. Nous avions,  en effet, en tête le concert de Goran Bregovic d’il y a 3ans (Goran Bregovic écrit lui aussi des musiques pour les films de Kusturica). Mais ce fut tout de même un très beau concert, monté par  un réalisateur qui a le sens du spectacle. Bref  un pur show, avec déguisements et instruments imaginaires, le tout dans une ambiance ahurissante. Malgré sa grande notoriété Emir Kusturica n’a pas hésité, tout de suite après le concert à se balader dans Vence pour une mini after improvisée. Cela nous a permis une fois de plus d’apprécier l’humanisme de ce réalisateur-musicien. C’est une chance pour notre ville d’avoir pu le recevoir. Pour revenir à Manouchka Orchestra le public ne s’est pas trompé puisqu’il leur a donné « le prix public des Talents du sud ».

 

    

    Emir Kusturica & The No Smoking Orchestra

 

On pensait que le lendemain marquerait le retour au calme, pas du tout cela  commença par Blue King Brown une jeune Australienne qui nous a proposé un rock surpuissant, plein de groove et de culture urbaine, une belle découverte. Spanish Harlem Orchestra s’est révélé assez décevant, 3 américains en chemise, débraillés  nous ont livré une salsa cubaine assez convenue.

 C’est Louis Chedid qui ouvrait la dernière semaine. On ne devrait jamais faire de délit de sale gueule mais comme je ne peux littéralement pas supporter musicalement son fils « M », je l’avais de suite mis dans le même panier. Très honnêtement c’est ma conscience professionnelle et le fait que les Nuits Du Sud se déroulent sur le pas de ma porte qui m’ont incité à assister à ce concert. Et bien je ne l’ai pas regretté. Chedid c’est vraiment très sympa. Si je pense toujours qu’il manque 4 lettres au pseudonyme de son fils, lui il a réellement du talent, il ne se la raconte pas. Il joue tout simplement des airs entrainants, bien ficelés. Il est courtois, sympathique. Et puis je ne soupçonnais pas que je connaissais autant de chansons de Chedid, j’ai bien du en reconnaître une dizaine, alors que je n’ai jamais écouté le moindre de ses albums. Par exemple une chanson comme « Je me suis fais la belle » c’est simple mais super beau et efficace. Après stupeur Celso Piňa un gros mexicain déboule sur la scène avec un accordéon… Evidement je craignais le pire, et bien non ce fut du n’importe quoi autour de lui, mais un n’importe quoi joyeux et organisé qui m’a surpris à faire un pas de danse sur air d’accordéon !  

Ca y est nous avons trouvé d’où vient la coiffure du logo des Nuits Du Sud c’est une copie de la coupe de Zao. Zao c’est de la pure musique africaine, ca remue dans tous les sens. On a un peu l’impression que c’est en totale roue libre que tout se compose en direct devant nos yeux, tant les textes sont simplistes et frais en même temps, la batterie envoie sans cesse le même tatapoum, lorsqu’on pense que le guitariste va s’arrêter, ça reprend. Bref c’est frais, c’est gai, c’est printanier. Ce fut ensuite Cubain avec Juan De marcos Afro-Cuban All Stars. Je ne suis pas connaisseur en musique cubaine, j’en ai quelque peu écouté quand ce style était a la mode il y a environ 10 ans, cela sonne exactement comme dans mes souvenirs.

La dernière soirée réunit la plus grosse affluence du festival non pas pour Tribeqa, alors qu’il le mérite,  groupe de percu (bambou) à la sauce électro de Nantes. Mais pour les Ivoirien de Magic System. Ils étaient déjà venus à Vence il y a 3ans et avaient mis le feu. Ils ont à nouveau réalisé le même exploit. Ca dansait dans chaque millimètre carré de notre place. Evidement je ne suis pas du tout, mais alors pas du tout fan de leur musique tintée de Zouk mais je dois reconnaître qu’ils savent mettre l’ambiance. Ils ne se prennent pas au sérieux et s’adressent principalement aux enfants et adolescents et très sincèrement ça marche.

 


            The positive force

 

Voila pour le coté artistique de la 14eme édition qui fut comme vous l’aurez compris un véritable succès. Au niveau affluence aussi on annonce une réussite puisque 40 000 personnes seraient venues danser sur notre place soit 5000 de plus que l’an dernier.

En termes de nouveautés nous avons apprécié les séances de cinéma en lien avec la programmation qui avaient lieu sur la place Godeau (sans doute la plus belle de Vence). Malheureusement une d’entre elle (Chat noir-Chat Blanc) du être annulée en raison d’intempéries.

Autre petit regret mais qui n’incombe à personne. Les animations des Jours Du Sud (organisés par l’association des Amis des Nuits Du Sud), principalement destinées aux enfants ont du être considérablement réduites en raison de la pluie. C’est bien dommage car cette journée gratuite permet aux vençois de s’approprier encore plus ce festival qui est le leur.   Mon regret perso c’est que je n’aurai pas bu une seul goute de Mujito pendant tout le festival alors  pourtant boisson officielle à Vence en Juillet-Aout.

J’entends au loin une voix qui se plaint. « Je devais faire 7 500 signes et j’en ai fait 15 000 » ! Oui sans doute mais je pourrais parler de ce festival jusqu’à la fin de la nuit (ou de l’été)

 

Texte : Simon Pégurier

Photos : Loïc Swiny  

 


Zazie

PS : Je vous rappelle que sur notre page youtube : www.youtube.com/user/loreillequigratte, il y a une vidéo de chacun des 34 concerts du festival. 

 

 

 L’Oreille Qui Gratte 

Sur Agora FM 94 (Pays Grassois) 94.10 FM (Pays Niçois)  88,90 (Pays Mentonnais)

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