Groupe parisien post-punk
formé en 2002, Frustration, qui a
grandi en même temps que Born Bad
Records, label parisien vénéré du 9-3, signe ici son troisième album :
Empire Of Shame.
Ils honorent bien leurs
aînés, allant de Joy Division à The Fall en passant par Wire. Et malgré la pertinence de ces
références, on risquerait de faire passer Frustration pour un groupe quelque
peu anachronique car le punk est bien un peu passé de mode aujourd’hui. Ces dépoussiéreurs
du modèle des années 80, fer de lance de leur label, Frustration avance, depuis
14 ans, sans complexe, sans s’occuper des critiques.
Les cinq garçons (Fabrice,
Mark, Nicus, Emmanuel et Fred) dégagent une énorme énergie sur disque et
surtout sur scène. Depuis l’album phénoménal Uncivilized sorti en 2013, avec
une pochette signée du graphiste Baldo. On attendait la suite…
Les mélodies sont simples et
directes, presque évidentes, Depuis Relax (2008), le son du groupe s’est étoffé
en diversité et en puissance : groove martial, motifs synthétiques froids et
tranchants, mais guitares profondes, et aucune figure de style ne lui résiste.
Ce qui est sûr, c’est que
Frustration, fait de la musique des bas fonds de la société. Ça sent le froid,
le métal et une certaine misère sociale. Une vraie bande- son pour Germinal.
Sans entrer dans les détails des textes, rien que le titre de l’album Empire Of Shame, laisse sous entendre
que le groupe n’a toujours pas accepté de se « ranger des voitures » et
c’est tant mieux, car le rock ne sonne jamais aussi mal que sur les amplis trop
beaux et trop neufs !
Il y a 2 ans au festival
Pantiero nous avons pu assister à un show hargneux et tendu, les
cinq membres forment un prodigieux groupe de scène, aidés en cela par
l’arrogance scénique de son chanteur. Impossible non plus de ne pas
penser à Ian Curtis lorsque Fab use de sa voix caverneuse et lugubre. Une chose
est certaine, on succombe immédiatement à l’excitation naturelle de ces
compositions simples (couplet, refrain, pont, etc,…) à l’efficacité
foudroyante.
Empires of Shame est un album rageur, mâtiné du punk des Buzzcocks et des Dead
Boys.
L’atmosphère d’ Empires of Shame est bien celle que l’on
attendait, celle d’un groupe obstiné qui trace sa route. Rares sont les
formations qui peuvent prétendre à telle cohérence.
C’est donc un grand
album que nous livre là Frustration. Un album qui sonne déjà comme un
classique, qui sort du lot et qui me colle au corps.