Devinette
Si je commence par : Gueulard,
Nuitard, Soiffard, Pétard…avez- vous trouvé de qui je parle ?
Eh oui, il y a peu je
redécouvrais Léotard. (Philippe OK ?…
pas François.) Mais quand on parle de l’un on parle forcément de l’autre, tant
ils étaient à la fois soudés et contraires. Adolescents, les frangins Yin et
Yang cherchent leur voie : ce sera l’enseignement et le théâtre pour l’un, le
monastère puis l’ENA pour l’autre. Quand François s’engage en politique…
Philippe, lui, se partage alors entre l’enseignement des lettres et le théâtre.
Il créé avec Ariane Mnouchkine le Théâtre du soleil qui deviendra célèbre.
On se souvient bien sûr de Léo
l’acteur aux 60 films et nombreuses pièces de théâtre et les prix qui
l’honorent. On se souvient de son visage circonflexe, ses joues clownesques et sa
voix cassée par la vie, mais beaucoup ignorent totalement son œuvre poétique et
musicale déjà peu connue et tombée dans l’oubli total aujourd’hui…
Philippe Léotard a mené une
vie passionnée et sans limite, marquée par la drogue et l’alcoolisme. Entre 1990
et sa mort en 2001, dans cette dernière phase de sa vie, il a produit 4 albums
exceptionnels où il chante ses compos
(paroles et musique) ou bien chante l’autre Leo…Ferré
Par exemple en 1990 – À l’amour comme à la guerre et en 1994 –
Philippe Léotard chante Ferré
Ce 1er album de 1990 est le
plus réussi, le plus touchant, peut-être le plus travaillé. L’association du
jazz à une poésie crue et ciselée, parlée souvent, avec une diction impeccable,
capte l’attention dès les premières notes, les 1ers mots.
En 1993 lorsque Balladur donne
à François Léotard le ministère de la Défense, Philippe, lui, claironne qu’il est le
“ministre de la défonce”. Alors
informé que la police va perquisitionner chez son frère, François Léotard
décide d’intervenir pour lui éviter la prison. Il le fait hospitaliser mais la
désintoxication échoue.
Après deux comas éthyliques et plusieurs overdoses, Philippe accélère le
processus d’autodestruction d’une manière un peu gainsbourienne.
François qui après quelques
« affaires et condamnations » comprend s’être fourvoyé en politique,
se consacre alors à la littérature. Il rend un bel hommage à ce frère si
différent : “Il a fait vraiment ce
qu’il a voulu, créé plus que je n’ai créé. Son bilan est supérieur au
mien”.
Si vous devez ne posséder qu’un
disque de Philippe Léotard, prenez donc cet album magnifique qui vous prendra
aux tripes – À l’amour comme à la guerre
1990 –