Brisa Roche : Invisible 1

Pour vous situer…

Paris 1992, Porte de la Villette, zone entre Bd
Extérieurs et Périphérique. Là, les terminus des bus arrivant d’un côté de
Paris, et de l’autre d’Aubervilliers. Mais la nuit, sur cette sorte de no man’s
land, il y a des Algécos sans doute de la RATP, mais assez grands et surtout, désaffectés…

La nature ayant horreur du
vide, un squat s’installe dans cette friche : le Glaz Art est né…(il y eu
des périodes de fermeture mais re ouvert et largement amélioré aujourd’hui)

le Glaz Art s’est imposé par
son esprit défricheur, sa programmation osée et ses coups de projecteurs sur
des artistes en devenir.

On rencontre là une « super
nana » qui traîne dans ces lieux. Elle chante dans le métro et elle fait
alors ses débuts sur la scène de ce lieu atypique. Influencée P.J. Harvey, ou
Joni Mitchell…Brisa Roché, puisqu’il s’agit d’elle, forme pour quelque temps un
trio… disons, folk roots.

Sa carrière musicale actuelle
s’est forgée grâce à ses expériences dans la rue, ces salles underground et les
bars de jazz, Parisiens.

 Mais Brisa Roché a
grandi sur les dunes de Californie, où elle suit son père écrivain en écoutant du
Rolling Stones et du blues. A l’âge de treize ans, Brisa chante dans une
chorale et part en voyage en Russie. Trois ans plus tard, elle est à Seattle
avec son père, en plein mouvement grunge.

L’idée d’un groupe à elle ne
la quitte plus ; elle passe des petites annonces et décide de se mettre au
jazz. Nouveaux voyages : Maroc, Nouveau-Mexique et à nouveau la France.

en 2005 Brisa Roché signe
avec le label Blue Note. Et son premier album, ‘The Chase’ est salué par la critique. Elle raconte « Etonnamment, je me suis mise à chanter des
vieux standards du jazz ; j’ai toujours été fascinée par la années 1940. Je
trouve l’histoire du jazz magique et je me suis rendue compte que je pouvais en
faire, sauf qu’aux Etats-Unis, il n’y a pas d’école de jazz. Là-bas, c’est un
truc de vieux mecs alcooliques. Comme j’avais perdu mon père à cause de
l’alcoolisme deux ans auparavant, c’était peut-être pour moi un moyen de le
retrouver. Il a fallu apprendre sur le tas. C’était intrigant mais le fait de
ne pas chanter mes compositions m’apportait une sorte de protection.
 »

 Un peu à l’image de
Jean-Louis Murat qui a toujours trois albums sur le feu, Brisa Roché multiplie
les projets. Si son dernier album s’appelle Invisible 1, c’est qu’il y aura sans
doute un Invisible 2 et peut-être même un 3. Sur cet album, les treize titres très
différents les uns des autres, créent la surprise à chaque piste. L’intro au
clavecin de Night Bus cohabite avec les riffs de guitare électrique de Vinylize
ou la boîte à rythme qui constitue le fond sonore de Baby Come Over. Tout cela en
fait un album magnifique, qui parvient au gré toutes ces surprises à conserver
une belle unité. Quel style !

Gil Tau 

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