Slow Joe and The Ginger Accident : Let Me Be Gone

J’aime ces
histoires à peine croyables, c’est pourtant le récit réel d’une résurrection,
d’une rencontre humaine devenue artistique.

Il s’agit de
Joseph Manuel Rocha, (Slow Joe, donc), le visage buriné par le chaos de sa vie
et ses 50 ans d’errance solitaire entre Bombay, Goa et Delhi, à chanter seul sa
poésie chargée de spiritualité indienne mais un genre de blues aussi… Un jour,
un musicien, Cédric de la Chapelle, le croise sur une plage de Goa, il l’enregistre
et revient en France avec des maquettes, tout de suite Jean-Louis Brossard des
Trans Musicales de Rennes, le repère. Cedric monte un brillant quartet pour
l’accompagner sur scène.
Ils programment dans la foulée ce véritable crooner indien. Celui-ci accepte
l’invitation, obtient des papiers après plusieurs décennies en marge de la
société et monte sur la scène des Trans.

La
suite fera de lui un rocker insoumis, dans la longue tradition des figures
poétiques du genre, à la manière par exemple d’un Leonard Cohen. Et c’est le monde qui découvre Slow
Joe & The Ginger Accident
lors de plus de 300 concerts et deux
albums brillants : Sunny Side Up (2011) et Lost for Love (2014).

Il y a
presque un an Slow Joe s’est éteint à l’âge de 73ans. Le chanteur indien nous
laisse avec les 10 titres superbes de ce troisième album Let Me Be Gone
qui est sorti le 17 février sur le label Musique Sauvage.

Slow Joe
aimait la musique de son pays, le rock d’Elvis, le Rhythm and Blues de Ray
Charles ou le jazz de Cole Porter. Des influences qu’ont reconstruites avec maestria
les musiciens de The Ginger Accident. En fait un mélange savant  de Blues puissant, rock sixties, ballade jazz
, avec des riffs psychés de guitares twang, orgue farfisa, rythmiques grooves,
lyrisme des cordes, chant traditionnel en Konkani.

Tout s’accorde
parfaitement avec la poésie sombre de l’artiste qui fait de l’amour une
aventure mystique, en même temps maudit ces dealers d’héroïne trop souvent
croisés, aime les démunis et discute avec la mort dans un dernier titre
crépusculaire et bouleversant. Un album intense et électrisant en forme de
testament blues et rock pour le poète et vagabond céleste. 

Ayez ce disque dans votre discothèque c’est un
testament sonore où le blues s’épanche en poésie et de psychédélisme.

https://www.youtube.com/watch?v=ENUu5AlxCQU

Gil Tau.

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