Vous avez déjà entendu l’air de Credit in the Straight World il y a au moins 25 de cela en écoutant la voix de Courtney Love le reprendre avec la rage qu’on lui connaît dans l’album Live Through This.
Un hommage justifié car le groupe Young Marble Giants n’a pas seulement été une grande influence pour Hole mais également pour Kurt Cobain, Peter Buck de R.E.M ou encore Stereolab. Une approche musicale ultra minimaliste au service de l’une des discographies les plus courtes de l’histoire de la musique à suffi à influencer plusieurs générations d’artistes dans le domaine du rock alternatif, notamment dans l’indie pop, registre donc en partie guidé des années durant par la voix fantomatique, pure et froide d’Alison Statton, qui ne pensait certainement pas devenir un tel repère aux tout débuts de cette formation post punk en 1978.
Et pourtant, leur seul et unique album Colossal Youth reste encore à ce jour la deuxième plus grosse vente du label Rough Trade et leur single Final Day est rapidement devenu un classique de la programmation choisie par M. John Peel sur BBC Radio 1. Des valeurs sûres donc, qui ont construit un culte autour de cette œuvre, dont les derniers grands admirateurs en date à l’avoir publiquement affirmé sont les membres du groupe The XX.
Et comme tout artiste culte ne dérogeant pas à la règle, Alison et les frères Moxham se sont réformés à l’occasion de plusieurs festivals à travers l’Europe entre 2006 et 2015. De nombreux chanceux ont pu redécouvrir en live l’album mythique dans son intégralité. L’album mythique qui aura simplement nécessité la présence d’une boîte rythmes sans âge, d’un inévitable duo basse-guitare au son très aléatoire en terme de qualité, et d’une voix ne laissant transparaître aucun sentiment. Il fait partie de ces ovnis, dont le processus de création et les éléments qui le caractérisent sont aux antipodes de ce qui les a précédé, de ce qui représente leur époque et de tout ce qui pourra les suivre. Et fort heureusement, cet ovni à su atterrir sur notre planète musicale juste après la révolution punk qui laissait présager alors un vide immense. Inclassable et donc indispensable, cette merveille venue tout droit du Pays de Galles restera l’une de ces références qui ont fait l’effet d’une bombe à leur sortie, et celle-ci malgré une simplicité désarmante, ce qui la rend d’autant plus belle et intéressante.