En évoquant les plus belles heures de la Fusion, beaucoup penseront aux Red Hot, à Faith No More, aux incontestables Rage Against the Machine, mais peu de gens parleront ici de Urban Dance Squad. Une formation qui a pourtant son importance, non seulement parce qu’elle a inspiré les géants dont je viens de parler, mais surtout parce que ces musiciens ont été les premiers en Europe à représenter le mouvement, en mélangeant allègrement des registres au premier abord difficiles à marier tels que le rock, la soul, le reggae, le rap ou encore le ska. Difficile alors d’admettre qu’ils ne soient pas parmi les plus cités du genre quand on constate qu’ils en ont en réalité été les pionniers. À la base réputés comme un simple groupe de scène faute de moyens, ils ont réussi à se développer en tant que piliers avec la sortie de Mental Floss for the Globe en 1989, qui n’a rien à envier à leurs contemporains Living Colour et Fishbone. La critique internationale les met sur un piédestal, totalement amoureuse de ces combinaisons de sons inédites. Les portes des grands festivals s’ouvrent pour eux, et leur popularité grandira encore plus après l’enregistrement en 1991 à Bruxelles de Life’n Perspectives of a Genuine Crossover grâce auquel ils pourront entamer une tournée mondiale.
C’est alors au sommet de cette gloire que leur DJ DNA décide de les quitter. À tort, puisque trois ans plus tard, ils donneront naissance à Persona Non Grata, qui voit le jour à Londres cette fois-ci et dont est extrait la bombe Demaguogue. Il n’y a plus de scratchs ni de samples, mais quelle importance quand on possède autant de sources d’inspiration ?
Rien ne semble stopper les hollandais dans leur folie créatrice. Ils feront intégrer des claviers en 1996 pour donner naissance à Planet Ultra, un an avant de retrouver DJ DNA à nouveau et trois ans avant de s’attaquer à ce qui sera leur dernier album jusqu’alors: Artantica. Il n’y a aura par la suite qu’une simple réformation pour des festivals à l’occasion de la sortie de The Singles Collection en 2006. Chaque membre se consacrant davantage à des projets parallèles ou d’autres choix de carrière (Junkie XL pour le chanteur Rude Boy ou encore l’enseignement au conservatoire d’Amsterdam pour le guitariste Tres Manos). Il n’aura pas fallu beaucoup d’années pour faire entrer ces originaires d’Utrecht dans la légende. Urban Dance Squad, ou l’une des références les plus sous-estimées de sa génération.