Qui se souvient…? Earwig

Jamais il n’aura été aussi légitime de poser la question « Qui se souvient ? » en évoquant le groupe Earwig, énigmatique projet ayant notamment marqué la Grande-Bretagne de 1989 à 1993. Tout commence à Brighton, lorsque la chanteuse Kirsty Yates s’associe aux musiciens Julian Tardo et Dimitri Voulis. La formation sort un premier EP intitulé « Hardly » qui est déjà très influencé post-punk, avec des guitares ultra saturées, des rythmes aussi froids qu’irréguliers et la voix de l’inquiétante Kirsty. On peut également entrevoir des similarités avec The Smiths, particulièrement au niveau du songwriting, puisque des paroles remplies de désillusion sont chantées par une voix qui la plupart du temps, entre deux petites envolées, s’avère douce, posée, comme le reflet d’une léthargie face aux aléas irréversibles que nous impose parfois la vie. 

S’en suit la sortie de deux EP, premièrement « Might », avec un titre nommé « Driving you mad slowly » qui je trouve sort du lot tant il glace le sang, puis l’excellent Subtract. Ces deux oeuvres sont composées des mêmes caractéristiques que « Hardly » si ce n’est que l’on y ressent aussi une volonté de flirter avec des sonorités plus shoegaze. C’est en 1992 que nait leur seul et unique LP « Under my skin I am laughing » dans lequel certains changements opèrent, comme la présence de sons plus électroniques, hélas annonciateurs du départ de Dimitri Voulis après la sortie de leur compilation «Past ». Un mal pour un bien probablement, car cet événement provoque la création du duo Insides, formé par le couple Yates-Tardo, accueilli très positivement par la critique de l’époque, au point de retrouver leur premier effort intitulé « Euphoria » parmi le classement des albums de l’année 1993 du magazine Melody Maker. Insides nous fera l’honneur d’un EP instrumental, « Clear Skin », avant de disparaître complètement de 1994 à 2000, année où ils créent la surprise avec « Sweet Tip » clairement plus axé jazz et trip-hop.

Aux dernières nouvelles une seule chanson serait sortie en 2016. Savamment nommée Ghost Music, elle prouve encore leur talent pour composer des morceaux totalement hypnotiques et un brin effrayants, quelque soit leur registre. Dans l’attente d’un possible retour, puisqu’ils se sont produits le mois dernier à Londres pour jouer Euphoriadans son intégralité. Pour reprendre les termes décrits par un titre de Earwig, « It’s the waiting I can’t stand », traduisez: « C’est l’attente que je ne supporte pas ». 

Sandra Cillo

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