Joyeux Anniversaire John Cale (70 ans)

En cadeau voici la Traduction de The Gift 

***
Waldo Jeffers avait atteint sa limite.
Nous étions à la mi-août,
Ce qui signifiait qu’il était séparé de Marsha
Depuis plus de deux mois.
Deux mois,
Et tout se qu’il avait montré se résumait à trois lettres écornées
Et deux appels longue distance extrèmement chers.
Il est vrai qu’après la fin de leurs études,
Elle était retournée dans le Wisconsin
Et lui à Locust, en Pensylvanie
Elle avait juré de maintenir une certaine fidélité.
Elle pouvait avoir des rendez-vous à l’occasion, mais seulement pour s’amuser.
Elle resterait fidèle.
Mais récemment, Waldo commençait à s’inquiéter.
Il avait des difficultés à s’endormir,
Et quand il y parvenait, d’horrible rêves survenaient.
La nuit, il s’étendait éveillé,
Remuant et se tournant dans tous les sens sous son édredon protecteur,
Tandis que les larmes emplissaient ses yeux,
Car il s’imaginait Marsha,
Ses promesses corrompues par la liqueur
Et les doux appaisement de quelque Neandertals,
S’offrant finalement aux carresses de l’oubli sexuel.
C’était bien plus que ce que l’esprit humain pouvait supporter.
Les visions de l’infidélité de Marsha le hantaient.
La journée, des fantasmes d’abandon sexuel pénétraient ses pensées,
Et le truc,
C’était que personne ne comprendrait ce qu’elle était vraiment.
Lui, Waldo, était le seul à pouvoir la comprendre.
Il connaissait intuitivement chaque coin et recoin de sa psyché.
Il l’avait faite sourire,
Elle avait besoin de lui,
Et il n’était pas là.
 
Ahh…

L’idée lui vint le jeudi
Précédant l’annoncement des préparatifs de la grande parade Mummers(1).
Il venait juste de finir de tondre fignoler les bords de la pelouse des Edison pour 1, 50$,
Et de vérifier sa boîte aux lettres
Dans l’espoir d’y découvrir ne fût-ce qu’un mot de Martha.
Il n’y avait trouvé qu’une circulaire
De l’ Amalgamated Aluminum Company of America,
Qui s’enquerrait de ses besoins en auvents et stores.
Eux au moins se souciaient suffisamment pour lui écrire.
C’était une société New-Yorkaise,
Vous pouviez aller n’importe où par courrier.


Il fut alors frappé d’une révélation.
Il n’avait pas assez d’argent pour aller dans le Wisconsin
Par les modes habituels, c’est vrai,
Mais pourquoi ne s’enverrait-il pas lui-même par la poste ?
C’était incroyablement simple.
Il s’empaqueterait lui-même, et s’expédierait par le service des colis exprès.
 
Le jour suivant Waldo alla au supermarché
Pour se procurer l’équipement nécessaire.
Il acheta un rouleau de papier adhésif, une agrafeuse de tapissier,
Et une boîte en carton de taille moyenne,
Tout juste assez grande pour une personne de son gabarit.
Il jugea qu’avec un minimum de secousses,
Il pourrait voyager tout à fait convenablement.
Quelques trous d’aérations, un peu d’eau, peut-être un casse-crôute,
Et il se sentirait certainement aussi bien qu’un touriste.
 
Dès le vendredi après-midi, Waldo était entièrement paré.
Il s’était minutieusement empaqueté, et le bureau de poste
Avait donné son accord pour le prendre chez lui à 15 heures.
Il avait marqué le paquet “ FRAGILE ”
Et en se pelotonnant dedans,
Installé dans la mousse caoutchouteuse amortissante qu’il avait attentionnément disposée,
Il essaya de visualiser la crainte et le bonheur se mêlent sur le visage de Marsha
Au moment où elle ouvrirait la porte,
Verrait le colis,
Donnerait un pourboire au livreur
 Et ouvrirait ensuite le paquet pour y trouver son Waldo en chair et en os.
Elle commencerait par l’embrasser,
Et puis ensuite, ils iraient peut-être voir un film.
Ah si seulement il avait pensé à ça plus tôt.
Brusquement, des mains empoignèrent son paquet
Et il se sentit soulevé.
Il atterrit avec un bruit sourd dans le camion, c’était partit.
 
Marsha Bronson venait juste de finir d’arrangement ses cheveux.
Le week-end avit été trés dur
Elle devait se rappeler de ne plus boire autant.
Quoique, Bill avait été très gentil avec elle.
Après avoir conclus, il lui avait dit qu’il la respectait encore
Et qu’après tout c’était la nature,
En réfléchissent bien, il ne l’aimait pas réellement,
Il ressentait simplement de l’affection pour elle.
Et puis après tout, ils étaient adultes.
Oh, tout ce que Bill pouvait apprendre à Waldo.
Mais toute cette histoire semblait remonter à des années.
 
Sheila Klein, sa meilleure amie parmi les meilleurs,
Traversa la véranda
Jusqu’à la cuisine.
“Dis donc, il fait très bizarre dehors aujourd’hui. ”
“Ah oui, je vois ce que tu veux dire, je me sens toute poisseuse”
Marsha serra dans ses poings la ceinture de sa robe de coton,
Celle avec le revers de soie.
Sheila fit courir son doigt sur quelques grains de sels qui se trouvaient sur la table de la cuisine,
Le lécha et fit une grimace.
“Je suis censée prendre ces pilules de sel, mais”
Elle secoua le bout de son nez
“elles me donnent envie de gerber”
Marsha se mit à se caresser sous le menton,
Un exercice qu’elle avait vu à la télévision.
“Mon Dieu, m’en parle même pas. ”
Elle se leva de table et se dirigea vers l’évier,
Où elle s’empara d’une bouteille de vitamines bleues et rouges.
“T’en veux ? C’est sensé être meilleur qu’un steak, ”
Après quoi elle tenta de toucher ses genoux.
“Je pense que je ne toucherai plus jamais à un Daiquiri. ”
Elle lâcha l’affaire et s’assit,
Cette fois tout près de la petite table où était posé le téléphone.

“Peut-être que Bill va appeler, ”
Lança-t-elle sous le regard de Sheila.
Sheila se grignotait une peau d’ongle.
“Après la nuit dernière, je me suis dit que peut-être tu en aurais fini avec lui. ”
“Je vois ce que tu veux dire.
Mon Dieu, ce mec est comparable à une pieuvre, les mains partout à la fois ! ”
Elle gesticula, levant ses bras comme pour se défendre.
“Le truc c’est que,
Au bout d’un moment, on en a marre de le repousser, tu vois,
Et comme après tout il n’a pas fait grand chose Vendredi et Samedi,
Je lui devais ça en quelque sorte, enfin tu vois ce que je veux dire. ”
Elle commença à se gratter.
Sheila riait bêtement avec les mains devant la bouche.
“Je vais te dire, j’ai ressenti la même chose, et même, après un petit moment, ”
Elle se pencha en avant et chuchota
“j’en avait envie. ”
 Cette fois si elle se mit à rire très fort.

C’est à ce moment que M. Jameson,
Du bureau de poste de Clarence Darrow,
Actionna la sonnette de la porte d’entrée de la large maison enduite de stuc.
Quand Marsha ouvrit la porte,
Il l’aida à transporter le paquet à l’intérieur.
Il lui fit signer son bout de papier jaune et son bout de papier vert
Et partit avec un pourboire de 15 cents que Marsha avait pris
Dans le portefeuille beige de sa mère, dans son repère.“
"Qu’est-ce que ça peut bien être, à ton avis ? ”
Demanda Sheila.
Marsha avait les bras croisés derrière le dos,
Et observait la boîte en carton marron
Trônent là au milieu de la pièce.
“J’en sais rien. ”
 
Dans le colis Waldo tremblait d’excitation
En entendant les voix étouffées.
Sheila caressa de son ongle le ruban de papier adhésif
Qui courrait sur tout le centre de la boîte.“
"Pourquoi ne regardes-tu pas l’adresse de retour pour savoir de qui ça vient. ”
Waldo pouvait sentir son coeur battre.
Il sentait les vibration des pas.
C’était pour bientôt.
Marsha tourna autour du carton et lu le sigle imprimé-encre.
“Hé, c’est de Waldo ! ”
“Cette andouille”, dit Sheila.
Waldo n’en pouvait plus d’attendre.
“Bon, ben tu ferais peut-être mieux de l’ouvrir”, dit Sheila.
Elle tentèrent toutes les deux de soulever le rebord agrafé.
“Oaah”, grommela Marsha.
“Il l’a certainement cloué. ”
Elle tirèrent à nouveau sur le rabat.. “
"Mon dieu, il faut une perceuse électrique pour ouvrir ce machin. ”
Elles insistèrent encore.
“Y a pas de prise. ”
Elles se levèrent toutes deux, respirant lourdement.
“Pourquoi n’essayes-tu pas avec des ciseaux ? ”, dit Sheila.
Marsha se précipita dans la cuisine,
Et y prit une petite paire de ciseaux de couture.
Puis elle se rappela
Que son père avait une collection d’outils dans la cave.
Elle se hâta de descendre,
Et quand elle revint,
Elle tenait dans ses mains une grosse cisaille à tôle.
“C’est le mieux que j’aie pu trouver”,
Elle reprenait son souffle.
“Voilà, fais-le, moi je suis morte. ”
Elle s’affala dans un grand canapé moelleux et exahla bruyamment.
Sheila tenta de créer une fente entre la bande de papier adhésif
Et le bord de la boîte,
Mais la lame était trop grosse et il n’y avait pas assez d’espace.
“Putain de truc ! ”,
Dit-elle vraiment exaspérée.
Avant de sourire,
“J’ai une idée… ”
“Quoi ? ” interrogea Marsha.
“Contente-toi de regarder”, dit Sheila, en touchant son crâne du doigt.

A l’intérieur du paquet,
Waldo était empli d’une telle excitation
Qu’il pouvait à peine respirer.
Sa peau était si brûlante qu’elle le piquait
Et il sentait remonter dans sa gorge les battements de son coeur.
C’était pour bientôt.


Sheila resta debout
Et contourna le carton jusqu’à son autre côté.
Puis elle s’agenouilla,
Agrippa la cisaille par ses deux poignées,
Prit une profonde inspiration,
Et plongea la longue lame
à travers le milieu du colis,
à travers le milieu du ruban adhésif,
à travers le milieu de la boîte,
à travers la mousse
Et en plein à travers le centre de la tête de Waldo Jeffers,
Qui éclata doucement
Et créa de petits arcs rouges
S’expulsant en rythme dans la lumière matinale du soleil.

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