C’est l’artiste qui a fait découvrir aux teenagers dès 60’ des monuments de la folk tels Bob Dylan, Léonard Coen, Woody Guthrie et Pete Seeger… c’est grâce à ses chansons que plusieurs générations de jeunes ont démarré la guitare – De sa Nouvelle Zélande natale il arrive à Paris au début des années 1950 et chante dès les 60’ dans des cabarets, notamment à La Contrescarpe en haut de la rue Mouffetard où l’on verra des Lavilliers et Thiéfaine la décennie suivante. Son talent séduit Colette Magny et Mouloudji, et ceux-ci le poussent à enregistrer son premier disque, Le Trimardeur, en 1965 alors que Graeme est âgé de 39 ans. Ses deux albums suivants de 1966 et de 1968, aux tonalités protest-song, très en vogue à cette époque auront un réel succès.
Ses traductions des adaptations très fidèles en Français des maitres américains, ses mots simples et son accent charmeur donnent à ses textes une proximité immédiate, et une force empathique singulière. Ses propres textes (toujours en Français), ont également une grande puissance – Politiquement engagé pour la non-violence, contre les essais nucléaires, contre la société de consommation…
La ligne Holworth, titre écouté ce soir, est une chanson de marins dont il est l’auteur. ça parle d’un homme qui dirige une compagnie maritime spécialisée dans le transport de bagnards, et qui s’adaptera aux nouvelles donnes : l’émigration. Dans ce monde qui se dit « moderne » et où la détresse des plus pauvres ne peut rien contre le mépris des nantis. Pauvres qui s’exilent toujours vers des terres qu’ils voient comme un eldorado, mais simple marchandise face aux mêmes exploiteurs de la misère. Les paroles sont superbes, et la mélodie, très folk ; magnifique. Graeme Allwright s’est éloigné volontairement de l’industrie du spectacle, car cela ne correspondait pas à sa philosophie. Refusant la relation artiste/fan classique, il a mené une carrière en marge des médias (qui l’ont d’ailleurs censuré depuis sa participation à la lutte pour la défense du Larzac (un certain Roger Bové y participait)
En 1980, Graeme Allwright chante avec Maxime Le Forestier au Palais des sports. Les bénéfices des concerts et du double album sont entièrement reversés à l’association Partage pour les enfants du tiers-monde.
Un grand monsieur ne l’oubliez pas
Savourez ici un autre titre : Qui a tué Davy Moore 1966 (bob Dylan)