Feu ! Chatterton : ici le jour (a tout enseveli)

Feu! Chatterton rassemble pratiquement tout ce qu’on attend d’un groupe de rock français : le classicisme, la modernité, le brio des textes et l’énergie ardente que l’on retrouve dans ce premier album : Ici le jour (a tout enseveli)

On les avait découvert avec leur 1er EP il y a 1an. Depuis on les vus sur scène, et disons le : Concert captivant et d’une intensité de folie. Le bouche-à-oreille a bien carburé pour eux et c’est tant mieux.

Les meilleurs titres de cet opus ? pour moi, je citerai :
Côté Concorde, un décryptage poétique du naufrage du Costa Concordia (“Du ciel tombent des cordes/Faut-il y grimper ou s’y prendre…”) on ne peut rester indifférent.
La Malinche, electro-funk à l’intensité et aux ruptures rythmiques haletantes.
La mort dans la pinède, ode aux premières fois pas toujours réussies,
Et puis entre pop psychédélique (Ophélie), et atmosphère brumeuse (Fou à lier), il y a aussi « Le long du Léthé » où, tout comme HFThiéfaine, Feu Chatterton nous convie à un voyage sur le fleuve des Enfers qui symbolise l’oubli avant « le » passage

Il y a le chant d’Arthur qui oscille entre le “parlé chanté” (Harlem) et l’interprétation vraiment chantée, habitée même… Des histoires racontées avec de la hargne et un lyrisme exalté, survolté. C’est en tout cas assez pour affirmer que Feu! Chatterton réconcilie la chanson littéraire et le rock. Peut-on pour autant les comparer (comme je l’ai lu ou entendu) à Aznavour en termes de voix et à Bashung ou encore Brel ou Gainsbourg ? …et bien non, là je ne suis pas d’accord.
Mais un groupe défricheur ? Affirmatif. – – Du rock littéraire ? Affirmatif.

Désormais  Feu! Chatterton incarne la renaissance de la scène musicale rock française dans ce qu’elle a de plus beau, à l’image de Lescop, La Femme, ou Fauve (qui ont été choisis par Feu ! Chatterton pour faire les premières parties de leurs concerts).
Comme eux, Feu! Chatterton ose chanter dans la langue de Molière. Cette marque de fabrique du groupe, donne le relief et toute l’harmonie à leur album. Une harmonie due aussi au timbre de voix d’Arthur Téboul qui écrit et chante comme lui seul sait le faire.

La pochette de l’album est un détournement du tableau de Redon : Les Yeux Clos; leur nom de scène est inspiré de la toile d’Henry Wallis « Chatterton » (représentation de feu Thomas Chatterton, jeune poète anglais du 18ème siècle qui s’est suicidé).
Gainsbourg y faisait allusion dans une chanson, et Bashung s’en inspire. Ce n’est pas un hasard si ces deux immenses artistes comptent parmi les références françaises du groupe parisien

Ils ont fait partie des trio gagnant des Francofolies de La Rochelle, du Printemps de Bourges et de Rock en Seine. Ils raflent plusieurs prix jeunes talents dont les InRocKs Lab

Je vous le demande : Talent ? Affirmatif

Gil Tau

Notre chronique de leurs concert Antibois est disponible ici : https://youtu.be/kh21XLXwgK0

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