Phénoménal, fabuleux , génial ; Renaud, Aznavour, etc…ça, c’est ce que j’ai entendu ! Et bien, moi, une image n’est venue immédiatement : Un Jeune Nougaro qui chanterait du Stromae – Bon, trêve de comparaisons parlons de cet étonnant garçon de 24 ans.
Il est né, à Créteil ; une mère «étouffante» mais qui favorise son éveil à la musique et au théâtre, et le père, chauffeur de poids lourds branché foot et désireux de voir Eddy entrer rapidement dans la vie active…
Sympa, blond, un peu palot, petit anneau dans l’oreille, Eddy de Pretto n’a pas attendu les médias pour faire très forte impression. Il a été boosté par ses concerts où il s’appuie sur une bande-son enregistrée et un batteur en live – et récemment boosté aussi par une nomination aux victoires de la musique.
Fin 2017 c’est Kid, premier EP qui continue d’enflammer les esprits. Entre chanson française «traditionnelle» et le hip-hop (pour ses rythmiques, le flow, la production). Sa chanson KID, raconte seulement son histoire. Son père lui disait souvent : « va jouer au ballon », alors que lui, avait envie de jouer à la poupée.
Il explique : « C’est juste mon expérience personnelle, c’est pas une attaque ou une dénonciation, ça se rapproche aussi de mes racines familiales, où l’on montre sa masculinité, et on frappe fort pour dire qu’on est viril et qu’on a des grosses couilles ! »
On lui a souvent dit, depuis son enfance, qu’il avait ce côté Billy Elliot. Cette image d’enfant qui aurait grandi trop vite, insolent, innocemment conquérant et m’en foutiste ».
Dans le Clip de Kid, son père veut qu’il fasse de la boxe et lui, finit danseur et embrasse son ami. Il y a cet aspect là, mais il ne veut pas être catalogué comme «le gay qui fait de la chanson».
Depuis 2015, des petits rades parisiens où il démarre ; aux tremplins de festivals (Printemps de Bourges, Bars en Trans), on comprend alors qu’il se passe un truc autour de lui.
Sur Cure (2018), Eddy bouscule les codes et les genres. Entre les cuivres grandioses de Beaulieue, et l’atmosphère synthétique et très 90’s de La Jungle de la Chope à l’orchestration de KID ; c’est très varié, audacieux, et co-signé par les producteurs de Booba et PNL. Quant à ses textes, l’éloquence est de mise et s’attaque autant aux rencontres sur Tinder , au lâcher prise (Fête de trop), qu’à la virilité dominante et au mythe du macho. Il balance « que tu sois gay on pas, on s’en bat les couilles. Je n’ai pas de coming-out à faire ».
Le live ? « Sur scène on est deux : moi , l’iPhone et un batteur. Je lance les chansons avec mon smartphone car je veux que ça soit très percutant, compact et simpliste scéniquement, pour ne pas perdre l’essentiel. Juste un téléphone en main et des mots. J’aime bien cette vision d’humanité connectée, toujours un fil à la main ».
De Pretto c’est cette profondeur, le réalisme écorché, et le malaise omniprésent dans les paroles de ses chansons. Qu’il nous parle de la banlieue où il a grandi, de l’homosexualité ou de l’homophobie.
Sur son album Cure il a tenu t à ce que la voix soit très présente. C’est son choix de faire entendre le propos. Il voulait aussi casser le côté mélo et faire, rythmer et groover le français. Avec l’envie de faire bouger ses mots…
Eddy de Pretto, c’est la chanson française à textes qui s’invite dans le rap, sans vulgarité, et sans en faire des tonnes. Et au moins lui, on entend et comprend ses textes.