Johnny Marr : Call The Comet

Johnny Marr et Morissey sont l’essentiel de The Smith…mais je ne vais pas ici refaire la bio des 5 années du groupe qui commit 4 albums entre 82 et 87 ; vous connaissez ça très très bien.

Il y eut la sortie de The Messenger son premier album solo, puis Johnny Marr nous revenait un an et demi après avec Playland, second chapitre d’une trilogie annoncée et déjà un net progrès sur ce 2ème opus où les mélodies naviguaient entre post punk  et mélodies pop-rock.  Tout ceci était « du bien musclé » au long des 42 mn que le guitariste de Manchester nous avait offert sur ce 2eme album !

Quatre ans après, Johnny Marr réapparait en 2018 avec Call The Comet, troisième disque studio sous son propre nom.

Pour Call The Comet, Johnny Marr a tout simplement abandonné le côté post punk qui hantait ses débuts en solo. Johnny  a préféré s’engager dans une voie davantage cold wave et avec un son de guitare parfois plus « heavy » que par le passé.

Le disque s’ouvre sur la merveille : Rise, le démarrage est donc de très haute tenue. The Tracers, premier extrait connu de Call The Comet et qui fait suite à Rise, est d’une remarquable efficacité.

Johnny Marr sait nous la jouer subtile avec l’élégante Hey Angel et surtout Hi Hello, beauté musicale aux essences smithiennes.
Quand on sait qu’il a évolué dans l’ombre d’un certain Morrissey, chanteur pour le moins envahissant, capricieux et intransigeant, on ne peut qu’être admiratif de ce que fait J Marr (un guitariste hors pair), mais aussi un bon chanteur, capable d’avoir son nom affiché en grand, et non pas simplement devoir rester dans l’ombre de celui avec qui il ne collaborera plus jamais.

Cela fait maintenant plus de trente ans que son groupe de jeunesse s’est séparé et plusieurs années que Morrissey s’embourbe dans des déclarations désolantes. Heureusement, Johnny Marr, lui, reste une valeur sûre et jamais décevante.

Mais c’est la bonne surprise de cet été, Johnny Marr revient donc avec un disque enthousiasmant, ce qui n’était pas forcément gagné d’avance.

Alors qu’il semblait destiné à rester éternellement dans l’ombre, celui-ci s’affirme sérieusement et prend même le dessus sur celui qui semble par contre sur le déclin.

Pour l’instant, Johnny Marr gagne…jeu, set et match !

A suivre…c’est le cas de le dire !

Gil Tau

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The Brian Jonestown Massacre : Something Else

Le Californien Anton Newcombe est à l’origine de la formation en 1988, à San Francisco, de The Brian Jonestown Massacre . Derrière ce nom fourre-tout qui fait à la fois référence à Brian Jones (dont Anton Newcombe est une version crédible en brun, là où le fondateur des Rolling Stones était d’une blondeur totale) et au massacre perpétré en 1978 à Jonestown au Guyana par le pasteur Jim Jones sur les membres de sa secte, se cache un groupe à géométrie variable dont son fondateur est le seul membre permanent.

The Brian Jonestown Massacre avec un style fait d’emprunts au rock psychédélique, au krautrock, au shoegaze et friand de bizarreries sonores, s’est imposé comme un acteur à part de la scène rock alternatif. Entre hommages non déguisés et vrais albums d’auteur, The Brian Jonestown Massacre a construit une discothèque extraordinaire.

The Brian Jonestown Massacre propose sa musique où les influences (Velvet Underground, My Bloody Valentine, Rolling Stones, Beatles, Dylan, The Byrds, Joy Division, Jesus And Mary Chain… ) se mêlent admirablement. BJM est ébouriffant sur scène ! Tout au long de son existence, le groupe verra ses membres partir, revenir, saboter leurs concerts, se droguer à outrance, se battre.

Le groupe est connu pour son désir constant de rester indépendant des majors, pour « faire que la musique reste diabolique » (Keep Music Evil est d’ailleurs le nom du label d’Anton Newcombe).

Anton Newcombe, est la personnification d’une rock star.Une race en voie de disparition dans le paysage en évolution permanente de la pop et du rock.

S’inspirant de ses premiers albums, inspirés des années 60 et des années 70, Newcombe and Co a réussi à recréer le son d’antan ; ce son qu’ils ont redéfini dans les années 90. Brian Jonestown Massacre sort deux nouveaux albums en 2018. Le premier, ‘Something Else’ dispo en juin chez A Recordings. Notons que  cet album (le 17e) a été enregistré et produit au Cobra Studio d’Anton Newcombe à Berlin.

‘Something Else’ est moins expérimental que ses albums les plus récents et revient au son traditionnel du groupe pour mon plus grand plaisir je l’avoue.

Gil Tau
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Holly Golightly : Singles round up

Une petite histoire de rock

Aux states dans les sixties Phil Spector a produit des  groupes féminins, la plupart « black » (the Ronettes, the Crystals, etc) et très peu « white » comme The Shangri-las (avec The leader of the pack).  Il y eut aussi Nancy Sinatra. (Des tubes repris en français par les Yéyés)       https://www.youtube.com/watch?v=thEKxFNCuT4

En 1984 apparait un groupe de pop girls britanniques à tendance rock garage, les Milk-Boilers, rebaptisées bientôt Delmonas, leur nom étant inspiré par une chanson de Bo Diddley. Sur tous leurs enregistrements, les Delmonas ont mélangé les « covers » soul sixties avec leurs compositions originales qui sonnaient comme si elles venaient de cette époque – Les titres sont festifs, optimistes dans l’esprit de Shangri-Las, Lesley Gore, Nancy Sinatra, par exemple, et déjà citées. Si elles n’avaient pas tout à fait la portée vocale de ces artistes americaines, ces anglaises revendicatrices et plutôt féministes déjà, compensaient bien, grâce à leur attitude et leur énergie.

Cet esprit a été conservé dans le groupe Headcoatees au début 1990 et qui comprenait Ludella Black, Holly Golightly, Kyra Rubella, et Bongo Debbie. Ce nouveau groupe remplacera Delmonas quelques temps mais se sépara en 1999.

Holly Golightly a donc été membre de ces groupes, avant de se lancer dès 1995 dans une carrière solo et publia en 15 ans une douzaine d’albums studio plus des « live » au son soul et garage.

Et Holly a, historiquement, vraiment été importante pour le rock. Son approche du genre, donne toujours l’impression d’être remarquablement simple : du  groupe de fille rock garage à ses débuts, Holly a évolué parfois vers un vieux rythm and blues enfumé où tout le style a été rendu avec deux micros, une batterie grinçante, le son de la guitare et l’impression de vieux disques poussiéreux venant de Memphis. Elle aura aussi chanté du Lee Hazlewood, ou Willy Dixon. Elle a sorti son précédent album solo Medicine County (en 2010) avec son groupe the Brokeoffs)

Elle a collaboré avec d’autres artistes, tels que The White Stripes (sur l’album Elephant) où Jack White s’extasie sur son chant – Elle a également participé à des B O de films.

Nous avons découvert et aimé ce disque et le partageons donc avec vous.

Gil Tau

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Clara Luciani : Sainte Victoire

CLARA LUCIANI

Ici à l’OQG on connait la demoiselle depuis un moment  surtout grâce à son ex groupe La Femme, groupe habitué du Festival Pantiero à Cannes puisque présents en  2011, 2014 et 2016 et leurs 2 disques  Psycho Tropical Berlin (2013) et Mystère.

Mais revenons à Clara, elle explique : « Avec un copain, nous sommes allés voir, à Cannes, un concert de La Femme – Après leur concert nous avons parlé musique avec Marlon… Je lui ai chanté un bout de chanson, il m’a proposé de passer les voir quand ils enregistreraient à Paris. »

Clara plaque alors ses études et monte à la capitale avec sa guitare.  A 19 ans, tout s’enchaîne très vite…

Pour le 2eme album de La Femme,  de nouvelles interprètes apparaissent aux côtés de la chanteuse officielle Clémence Quélennec, comme une certaine Clara Luciani, justement.

Elle chantera  aussi avec Nouvelle Vague, et  avec Nekfeu,  Raphael, Benjamin Biolay, Alex Beaupain.

La femme forte, qui parvient à se reconstruire après la rupture

Enfin seule et après un 1er EP fort triste, elle livre aujourd’hui  un album où elle a pansé ses plaies grâce à la musique, une thérapie par l’écriture en quelque sorte. Dans son écriture, elle incorpore tout : son histoire, ses souffrances, ses doutes… qu’elle malaxe, pour transformer une histoire personnelle en quelque chose de totalement universel.

Marseillaise d’ascendances corse et sicilienne, elle raconte : « Enfant, je ne correspondais pas aux normes, beaucoup trop grande, trop garçonne. J’ai été très vexée quand, à cause de ma voix assez grave, la prof de ma chorale m’a fait passer dans le groupe des garçons. »

L’influence de PJ Harvey ou de Patti Smith a aussi été décisive, mais c’est une autre icône du spleen, Nico, qui trône au sommet de son panthéon.

Sainte Victoire, le nom de l’album évoque déjà la rédemption. Avec un petit côté mystique et belliqueux, il se concentre sur le positif. La Sainte-Victoire c’est aussi une montagne près d’Aix-en-Provence, le pays où elle a grandi. Immortalisée par Cézanne, cette montagne rappelle la beauté des choses de la nature,

Le premier album de Clara Luciani est à son image, fort, puissant, intense et témoigne de ses déconvenues et de ses victoires. Régalez vous !

Gil Tau

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Courtney Barnett : Tell Me How You Really Feel

Avant…au début des années 2010 elle avait sorti plusieurs EP plutôt folk, mais on l’avait vraiment découverte en 2015 avec son 1er album « Sometimes I Sit and Think… ».

 L’Australienne Courtney Barnett avait redynamisé le rock à sa façon plutôt un peu nonchalante. Aujourd’hui, A 30 ans, après une collaboration avec Kurt Vile l’an dernier.  Collaboration désormais dépassé, elle sort son 2eme album, « Tell Me How You Really Feel », et continue d’assumer ses choix : son look d’ado garçonne et débraillée, et son amour assumé pour la musicienne Jen Cloher. (d’ailleurs Courtney joue de la guitare dans le groupe de cette dernière).

Courtney Barnett assume aussi son héritage nineties si bien que Kim deal ex Pixies et sa sœur jumelle Kelley Deal, des Breeders, l’accompagnent sur deux titres de ce nouvel opus.

PJ Harvey a été l’une des premières artistes féminines qu’elle a adorées et découverte grâce à son prof de guitare qui lui a fait aimer sa musique. 

Elle adore cette artiste pour sa puissance et ses guitares brutes. Mais pour elle, Frida Kahlo est un autre exemple ; une passionnée et une combattante féministe.

Courtney est donc féministe et elle cite Margaret Atwood :

« Les hommes ont peur que les femmes se moquent d’eux; les femmes ont peur que les hommes les tuent. »

Et commente : « J’avais repéré cette citation dans un article, sans savoir de qui c’était, et c’est en regardant The Handmaid’s Tale que j’ai fait le lien. Cette série, que j’adore et qui me terrifie en même temps »

L’australienne emporte son slacker -rock  dans des sphères à la Pavement mais des reflets plus pop animent aussi une partie de cet album, vous pourrez vous en rendre compte en achetant l’objet.

Gil Tau

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King Tuff : The other

La scène rock alternative est dominée par Thee Oh Sees, King Gizzard & the Lizard Wizard ou Ty Segall, mais passé ceux-là on trouve des très, très bons musiciens, comme ce King Tuff (qui fait partie du groupe de… Ty Segall) avec ses compos garage efficaces et  pop (genre MGMTmais en plus crasseux). Toujours signé sur le label Sub Pop, l’Américain a sorti ce 13 avril, son nouvel album.

Kyle Thomas, de son vrai nom, est un acteur importantde cette scène garage californienne. Ainsi, après trois albums et de nombreuses tournées, suivies de plusieurs années passées en tant que guitariste du « Jim Morrison blond », Ty, il a réactivé King Tuff cette année.

The Other, c’est ce monde caché et mystérieux de « l’autre » qui apporte ses idées, sa fraicheur et son authenticité.  Le californien a porté presque seul, ce nouvel opus principalement composé avec sa fidèle guitare acoustique.

Produit dans son studio bâti pour l’occasion, on constate une vraie spontanéité due aux défauts et  incidents de parcours du processus d’enregistrement artisanal ; mais aussi au plaisir retrouvé de Kyle, puisqu’il s’est lui même chargé de tous les instruments, sauf batterie confiée à …Ty Segall hymself et le saxophone à Mikal Cronin.

On se  reconnecte à la magie créative de l’enfance (Birds of Paradise) et signe une poignée de tubes rayonnants, portés par une mélodie évidente (Thru The Cracks) ou sublimés par un groove dansant rendu irrésistible (Raindrop Blue et  Psycho Star). Mais le reste du disque n’est pas à sous estimer : à l’aide de quelques gimmicks tombés du ciel, Kyle Thomas tient en haleine, par le pouvoir d’un harmonica (Infinite Mile), d’un riff bluesy (Ultraviolet) ou d’un synthé typiquement californien.

Et il a bien fait : The Other aligne une dizaine de titres tubesques que je qualifierai aussi « d’estivaux » où son talent s’exprime pleinement. Alors cet été on votera Kyle Thomas pour faire une King Teuf

Gil Tau

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Nick Prizu

Vous connaissiez le folk-blues de Nick Drake et aussi un certain Nick Cave, dandy-rock légendaire…mais Nick Prizu, ça  vous dit quelque chose ?

Présentations : c’est le chanteur d’un groupe du même nom, Nick Prizu, qui furent les chouchoux de la French Riviera pendant leur courte carrière,  sont présentés comme les fils illégitimes des Panther Burns et des Delmonas, mais qui auraient été produits par un Alex Chilton drogué, entre les sauvages années 50 et les déjantées 60’s.

Leurs concerts mémorables oscillaient entre chaos et génie, absurdité et passion. Ils ont eu le temps, avant la mort prématurée de leur chanteur d’enregistrer cet unique témoignage de leur folie et de tourner un film Super 8 (le mythique « Tequila »). Nick Prizu, n’a gravé aucune galette, juste une bande 8-pistes et aujourd’hui le monde entier peut enfin, entendre cet enregistrement incroyable, grâce à Didier Balducci et Mono Tone Records : Un vinyle de Nick Prizu dans toute leur flamboyance et leur férocité rock’n’roll ! (d’ailleurs, essayez ce nom à l’envers pour juger, en plus, de leur humour)

Un fan rapporte : « J’ai vu mon premier concert de Nick Prizu en juin 89, lors d’un concert à la fac de science de Nice. Nick Prizu était un groupe « variable » – les musiciens changeaient souvent car tout le monde voulait jouer avec Nick! Ainsi on a pu trouver des gens comme Bratch et Baldu des Dum Dum Boys par exemple ».
Le répertoire de Nick était essentiellement composé de reprises : « King Of Surf Guitar », « Poison Ivy », « Rock&Roll Tango », « Blue Velvet » etc.

Nick Prizu, a tiré sa révérence en 1993.

Gil Tau

https://www.youtube.com/watch?v=KrFv3xAWLjg

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Amen Dunes : Freedom

Le talentueux Damon McMahon et son projet Amen Dunes présente un nouvel opus, sobrement intitulé Freedom et qui est arrivé le 30 mars sur le label Sacred Bones.

A peine sorti un premier clip du titre « Miki Dora » débarquent les 11 titres de cet album post rock qui nous rappelle à quel point l’artiste est un personnage particulier dans le paysage musical. Les arrangements vraiment subtils accompagnent la voix si singulière de McMahon pour cet album, bien sûr, dark et tourmenté.

Depuis Love, son quatrième album paru il y a 4ans déjà, et bien qu’ayant « loupé » les trois premiers, je tiens Amen Dunes en haute estime. Seul à bord de ce faux-groupe à géométrie variable dont il est la plume, la voix, l’âme et le principal interprète, Damon McMahon croise rigueur rythmique et mélodie ; folk atmosphérique et krautrock (il a d’ailleurs choisi son pseudo en référence à Amon Düül).

Amen Dunes consacre donc un titre à Miki Dora célèbre et détestable surfeur californien des sixties (et mort en France vers Biarritz) ; McMahon, voit chez le surfeur « une contradiction vivante ; symbole à la fois de la vie libre, et des faux héros que la culture américaine a toujours célébrés ».

Ce 5ème album est pour moi déjà un grand moment folk indie de 2018. Sur le plan musical, Freedom s’inscrit dans la lignée des précédents albums et profite une nouvelle fois de la batterie de Parker Kindred (Antony & The Johnsons, Jeff Buckley) qui fait des merveilles, de Jordi Wheeler et Delicate Steve pour les parties de guitares.

Ce cinquième album Freedom, le bien-nommé, tant le New-Yorkais croise ses influences et transgresse les genres. Chez cet artiste, c’est la somme du tout cela et son appropriation qui permet à l’œuvre de se révéler si forte.

Surtout, Damon dévoile ses doutes, ses fêlures intimes, faisant de son adolescence sa source d’inspiration. Il est ici question de dépendance aux drogues, de la quête de personnalité, d’enfermement, de disparition, et de sentiments contrariés, qu’il est déjà bien tard pour exprimer… Il interprète d’ailleurs chaque chanson avec une ferveur incroyable, les tremolos en fin de phrases et les envolées faisant oublier le timbre nasillard et son étendue vocale pourtant limitée. Ses chansons viennent de loin, des profondeurs de l’âme. D’ailleurs, Chris Coady (de Beach House) a du s’atteler au dur labeur de l’enregistrement et de la production pendant trois ans entre Los Angeles et New-York.

Au fil des écoutes, Freedom se dévoile pleinement et il faut bien admettre que Damon McMahon réalise là, un album qui pourrait être l’une de ces œuvres que je chéris plus que de raison. Mais c’est ainsi…

https://www.youtube.com/watch?v=RONXqXaF8oI

Gil Tau

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Eddy de Pretto : Cure

Phénoménal,  fabuleux , génial ; Renaud, Aznavour, etc…ça, c’est ce que j’ai  entendu ! Et bien, moi, une image n’est venue immédiatement : Un Jeune Nougaro qui chanterait du  Stromae –  Bon, trêve de comparaisons parlons de cet étonnant garçon de 24 ans.

Il est né, à Créteil ; une mère «étouffante» mais qui favorise son éveil à la musique et au théâtre, et le père, chauffeur de poids lourds branché foot et désireux de voir Eddy entrer rapidement dans la vie active…

Sympa, blond, un peu palot, petit anneau dans l’oreille, Eddy de Pretto n’a pas attendu les médias pour faire très forte impression. Il a été boosté par ses concerts où il s’appuie sur une bande-son enregistrée et un batteur en live – et récemment boosté aussi par une nomination aux victoires de la musique.

Fin 2017 c’est  Kid, premier EP qui continue d’enflammer les esprits. Entre chanson française «traditionnelle» et le hip-hop (pour ses rythmiques, le flow, la production). Sa chanson KID, raconte seulement son histoire. Son père lui disait souvent : « va jouer au ballon », alors que lui, avait envie de jouer à la poupée.

Il explique : « C’est juste mon expérience personnelle, c’est pas une attaque ou une dénonciation, ça se rapproche aussi de mes racines familiales, où l’on montre sa masculinité, et on frappe fort pour dire qu’on est viril et qu’on a des grosses couilles ! »

On lui a souvent dit, depuis son enfance, qu’il avait ce côté Billy Elliot. Cette image d’enfant qui aurait grandi trop vite, insolent, innocemment conquérant et m’en foutiste ».

Dans le Clip de Kid, son père veut qu’il fasse de la boxe et lui, finit danseur et embrasse son ami. Il y a cet aspect là, mais il ne veut pas être catalogué comme «le gay qui fait de la chanson».

Depuis 2015, des petits rades parisiens où il démarre ; aux tremplins de festivals (Printemps de Bourges, Bars en Trans), on comprend alors qu’il se passe un truc autour de lui.

Sur Cure (2018), Eddy bouscule les codes et les genres. Entre les cuivres grandioses de Beaulieue, et l’atmosphère synthétique et très 90’s de La Jungle de la Chope à l’orchestration de KID ; c’est très varié, audacieux, et co-signé par les producteurs de Booba et PNL. Quant à ses textes, l’éloquence est de mise et s’attaque autant aux rencontres sur Tinder , au lâcher prise (Fête de trop), qu’à la virilité dominante et au mythe du macho. Il balance « que tu sois gay on pas, on s’en bat les couilles. Je n’ai pas de coming-out à faire ».

Le live ? « Sur scène on est deux : moi , l’iPhone et un batteur. Je lance les chansons avec mon smartphone car je veux que ça soit très percutant, compact et simpliste scéniquement, pour ne pas perdre l’essentiel. Juste un téléphone en main et des mots. J’aime bien cette vision d’humanité connectée, toujours un fil à la main ».

De Pretto c’est cette profondeur, le réalisme écorché, et le malaise omniprésent dans les paroles de ses chansons. Qu’il nous parle de la banlieue où il a grandi, de l’homosexualité ou de l’homophobie.

Sur son album Cure il a tenu t à ce que la voix soit très présente. C’est son choix de faire entendre le propos.  Il voulait aussi casser le côté mélo et faire, rythmer et groover le français. Avec  l’envie de faire bouger ses mots…

Eddy de  Pretto,  c’est la chanson française à textes qui s’invite dans le rap, sans vulgarité, et sans en faire des tonnes. Et au moins lui, on entend et comprend ses textes.

Gil Tau

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Faces

Après le départ de Steve Marriott en 1969, les trois membres rescapés du groupe britannique Small Faces, Ronnie Lane, Ian McLagan et Kenney Jones, rencontrent un certain Rod Stewart et aussi Ron Wood, qui eux, viennent de claquer la porte du Jeff Beck Group. Les cinq musiciens créent leur nouveau groupe Faces 

Faces commence à tourner aux États-Unis, la presse leur fait une bonne réputation et les concerts commencent à se jouer à guichet fermé, grâce à la popularité grandissante de Rod Stewart qui mène en parallèle sa carrière solo.

On trouve donc : Rod Stewart : chant (1969-1975)

Ron Wood : guitare (1969-1975) Ian McLagan : claviers (1969-1975)

Kenney Jones : batterie (1969-1975) Ronnie Lane : chant, basse (1969-1973)

Les Faces enregistrent ensemble jusqu’en 1975, mais la flamme n’y est plus. Rod Stewart qui est tout de même responsable en grande partie de la réussite de Faces s’impose naturellement comme le leader du groupe et cela déplaît fortement à Ronnie Lane qui déplore de ne pas pouvoir chanter ses chansons. La  carrière solo de Rod Stewart a pris de l’ampleur tandis que Ron Wood part « tourner » avec les Rolling Stones, et le groupe fini par se séparer…

En 2010 le groupe se reforme avec Ron Wood, Kenney Jones, Ian McLagan  mais avec en plus le chanteur Mick Hucknall (Simply Red) et le bassiste Glen Matlock (Sex Pistols).

Bien que Faces n’ait jamais eu la même réussite que les Who ou les Rolling Stones à cette époque, le groupe a toutefois laissé une trace indélébile sur les puristes du rock. Leurs concerts chargés de rock authentique et d’alcool, ont grandement inspiré la révolution Punk.

Groupe à (re)découvrir s’il en est…

Gil Tau

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Chinaski : Celcius 232

Elucubrations d’un certain Gil sans l’accord de Chinaski

Alors…Celcius 232 pourquoi ?

A l’époque Gil s’interrogeât sur ce titre d’album…comme il était de formation scientifique il eût l’intuition de convertir les Celcius en degrés Fahrenheit « pour voir » a-t-il dit, et il a trouvé 451… Alors il s’est dit que Jean Louis, amateur de cinéma, de littérature, mais aussi de poèmes et de BD, et également friand de fantastiques et de Science Fiction. Ce Chinaski, pouvait donc avoir eu l’idée de ce titre de CD, en référence (cachée) à Fahrenheit 451, ce grand roman de science-fiction de Ray Bradbury publié en 1953 aux États-Unis, et porté à l’écran par François Truffaut en 1966

Mais, au fait ! Pourquoi Fahrenheit 451 ? Et bien, précisât Gil à l’époque, c’est la température à laquelle le papier s’enflamme spontanément et là, dans son ouvrage,  Bradbury évoque un monde où les livres sont interdits et brûlés.  

On voit l’allusion, car le roman est publié en plein maccarthysme aux usa (période qualifiée aussi de chasse aux sorcières)  et durant ces quelques douces années, aux USA, on traque les personnalités du spectacle et des lettres mais aussi les drogués, homosexuels, communistes, etc.

Dans Fahrenheit 451 les intellectuels sont éliminés sur dénonciation de leurs voisins dans le but, fallacieux, d’assurer la sécurité nationale !  Ça fait peur !

Gil s’est donc permis de fantasmer sur cet album Celcius 232 de et d’en donner une explication personnelle… Jean Louis Chinaski lui pardonnera t il jamais ?

Des références dans ce disque :

Wendy Barrie actrice anglo-américaine  (cf sherlock Homes – le chien des baskervilles)

Charles Bukowski

Lewis Carroll (Alice ?)

Jim Caroll  ? (poète musicien cf Velvet underground)

Nota : Gil nous apprendra aussi que Celcius 232 est un festival heroic fantasy, d’horreur et de science-fiction qui se déroule tous les ans en Espagne…

Propos relatés par  Gil Tau

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Nevchéhirlian

Frédéric Nevchéhirlian a décidé vers 5 ans de devenir poète. C’était très clair, depuis le début, dans le quartier de l’Olive à Marseille.

Ses premiers textes vers 16 ans, ce sont des bateaux qui traversent la mer.

Il a des grands-parents et des parents qui ont fui l’Arménie ou l’Espagne, en traversant un désert et la mer. Frédéric Nevchehirlian est donc né avec les voyages en lui, une liste de lieux, de mythes, d’histoires. Il a grandi avec l’envie d’écrire pour faire parler ceux qui restent muets.

Son premier album s’appelait Monde nouveau monde ancien et là en 2018, son dernier long poème : Décibel.

Nevché dit qu’il y a un souci de « son à régler » dans ce pays ; un volume à ajuster. Il va falloir baisser les décibels pour s’entendre ou hausser la voix pour crier …au choix.

« ma génération est dans un grand bruit, envahie par un trop plein de son ; de quand date le silence » ?

Nevché questionne :  « qui d’autre avec moi ?  Qui d’autre pour opposer aux pessimistes la seule arme qui vaille : le désir. »

Après Prévert (Le soleil brille pour tout le monde), en ce moment il met en musique les journaux intimes de Marylin Monroe et de Kurt Cobain, parce que là aussi ça parle de désir.

Nevché c’est une voix et des soulèvements. Parfois il a des insomnies, parce que le monde ne nous laisse pas tranquille… Et une nouvelle rencontre ça le bouleverse…

Depuis longtemps il sait qu’écrire ça lui sauvera la vie et il aimerait bien la sauver à d’autres. En sous-titre muet de tous ses projets il y a le «  On peut être plusieurs ». Frédéric Nevchéhirlian est en train d’inventer un amour de la vie implacable, il est en train de le dire à haute voix.

Et on a envie de régler avec lui le volume du pays, de dire « oui on peut être plusieurs »

Transcription librement adaptée

https://www.youtube.com/watch?v=PCeUQAq5is4

https://www.youtube.com/watch?time_continue=127&v=B3hXFFMHujo

 Gil Tau

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