Christophe : L’Intranquilité

Rencontrer Christophe voilà une idée qui peut paraître saugrenue à plus d’un. Il passe pour être usé, fatigué, vieilli, difficilement compréhensible et sa carrière semble se limiter à une suite de comptines commerciales telles Aline, les Marionnettes ou les Mots Bleus. Dire cela c’est ignorer que les deux plus récents albums de Christophe Bevilacqua et Comm’ si la terre penchait  sont des classiques à ranger près des meilleurs Bashung. Même si par moment ces propos peuvent se rapprocher de ceux de Jean Claude Van Damme, Christophe est avant tout un homme chaleureux, authentique, gentil et sincère qui vit seulement dans la recherche d’émotions



 Qu’est- ce qui t’a amené a remonter sur scène après 27 ans passés loin des planches ainsi qu’à faire une pause de près de 10 ans  mi-80 ?Alors que paradoxalement tu dis que pour toi la scène et la musique sont une thérapie Pour moi oui mais pour d’autres ce peut être une angoisse. Il n’empêche que j’ai toujours le trac au début, il faut du temps pour s’installer mais a la fin on se sent un autre homme. Ce que je faisait avant était une autre thérapie, j’ai passé beaucoup de temps dans la solitude dans mon home studio a créer mon univers, a inventer mon petit film, mais ça prend  du temps pour trouver la vibration qu’on veut, et le temps passe tellement vite…

On sent chez toi une obsession de la mort, du temps qui passe ? Ce retour est il une renaissance ?Obsession de la mort non, je préfère ne pas y penser. C’est le passé qui nourrit les étincelles du présent. La passion de la création c’est quelque chose, il faut  beaucoup de temps pour attraper un petit gimic, une idée originale. Toute de même tes concerts sont très nostalgiques, c’est du domaine du frison.Moi je suis toujours sur le fil de l’improvisation, le concert n’est pas formaté

Ton dernier album «Comm’ si la terre penchait » est quelque chose de vraiment nouveau, de fort, on a l’impression que tu as passé toute une vie pour en arriver là.C’est ce que vous ressentez et j’en suis heureux. Cet album et ce que j’avais en moi. J’ai fait Aline parce que a 20 ans je ne pouvait pas gérer, c’était fait a l’ancienne, comme je ne jouais pas de musique je devais expliquer aux arrangeurs, aux musiciens et cela ne sonnait pas toujours comme je voulais, surtout que le travail se faisait a la chaîne, c’est ça qui a crée ce décalage qui m’a amené a mon truc, à éviter le formatage du show bises et finalement à vivre une vie. Une vie de rencontre enrichissante. 


On peut être surpris de cette réponse car dès 73, époque des mots bleus tu étais a l’avant garde de ce qui se faissez, à la pointe dans le sillage des anglo-saxons ?C’est vrai que dès que les synthés sont sorti je m’en suis servi. Je travaille d’ailleurs encore avec ces sons pour mon prochain album. J’espère que tu as raison car l’on croit toujours a ce que l’on fait. J’ai fait parfois de longues pauses, parce que je trouvais que je n’avais pas le truc mais je m’en foutais.

Le rappel incessant à Aline ne t’emmerde pas ? Non, car je ne m’ennuie pas dedans. Chaque spectacle est unique chaque rencontre avec le public est différente. La thérapie ça ne marche pas a tous les coup, seulement avec quelques bon médecins.

Tu as un publics assez âgé. Comment penses tu qu’il reçoit ces nouveaux arrangements électro de tes chansons ? Ce qui compte quand on crée c’est d’assumer ce que l’on fait, d’être traversé par le plaisir que la création peut donner, c’est la seule façon de le transmettre. Après il faut être joueur. Mais je pense que les gens de ma génération même s’il écoutent des versions barrées d’Aline il on l’air contents. 

 Compte tu exploiter les sons électro que tu utilises sur scène, sur un prochain album ?B ien sur oui heureusement

 Sur scène tu prends des photos avec un appareil jetable ?Je balance l’appareil au publics et c’est celui qui le récupère qui en fait ce qu’il veux. On ne me les renvoie jamais.  J’aime bien faire ça c’est un souvenir.

Quelle sont tes coups de cœur musicaux ?C’est toujours une question piège, on oublie a chaque fois quelqu’un. J’aime beaucoup le son c’est pourquoi je collectionne les 78 tours. Actuellement pour les français c’est M. Le dernier album de Bjork est énorme, j’écoute beaucoup de trucs très en marge comme Lydia Lunch, Marc Cullignam…   La culture me fait vibrer, ce qui compte c’est ce que je reçois. Je ne suis pas comme Eddy Mitchell a me souvenir de tous les noms d’un générique de film, même du gars qui a fait la lumière.

 

Propos recueillis par Simon Pégurier, Benoît Belasco & Raymond Sérini

Cannes Le 12 Novembre 2004


   

L’enregistrement de l’entretien est disponible ici : http://www.wat.tv/audio/interview-christophe-12-novembre-3yy6z_2hw3j_.html

 

  

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