Best Of 2020 – Sandra Cillo

01 -Fontaines DC : A Hero’s Death

 

Le premier album était déjà une claque, celui-ci est un coup de grâce.  Une sorte de cadeau du ciel en adéquation avec cette pochette symbolisant la statue de Cú Chulainn, demi dieu de la mythologie irlandaise. Une très belle continuité pour Dogrel dans lequel les dublinois avaient pourtant beaucoup donné. Preuve étant que ces enfants du post punk savent tenir leurs promesses. Fort hâte d’écouter la suite !

 

 

02 -Idles : Ultra Mono

 

Nos punks préférés de Bristol reviennent en force avec un album contenant moins de titres fédérateurs à l’image de leurs deux premiers efforts, mais toujours avec leur grande énergie leur intégrité légendaires.

L’humour est un peu moins évident dans les lyrics mais heureusement que la rage de leurs engagements elle, est bien présente. Toujours aussi anti racistes et anti machistes. A ce sujet, mention spéciale pour leur génial Ne Touche Pas Moi en collaboration avec l’extraordinaire Jehnny Beth.

 

 

 

03 -Deftones : Ohms

 

20 ans après White Pony, les californiens les plus emblématiques de notre adolescence (en tout cas de la mienne, sans aucun doute) reviennent avec un album plus enragé que leur Gore qui était loin de plaire à tout le monde, car beaucoup plus porté sur des sons éthérés et des ambiances oniriques que sur des grosses guitares saturées. Ici, on retrouve un savant mélange des deux. Deftones s’amusent depuis leurs débuts à naviguer à contre courant en ce qui concerne les attentes des auditeurs. Et ils ont bien raison, l’expérimentation leur va terriblement bien !

 

 

04 -Nothing : The Great Dismal

 

Je dois admettre qu’avant la sortie du single Bernie Sanders et de son clip aussi mystique qu’angoissant, je n’avais jamais entendu parler de ce groupe venu de Philadelphie. Bien qu’ayant des origines ancrées dans le punk hardcore, leurs sonorités flirtent sévèrement avec le shoegaze. Registre qu’ils réinventent à souhait, notamment depuis leur deuxième opus Tired of Tomorrow. Mélodique et triste en diable, la musique de Nothing nous emporte à l’instar de celle de leurs mentors My Bloody Valentine et Slowdive, avec une touche de rage en plus, paradoxalement rafraichissante.

 

 

05 -Emma Ruth Bundle Rundle + Thou : May Our Chambers Be Full

 

Quand la fille spirituelle de Kate Bush s’associe avec l’un des meilleurs groupes de sludge de ce début de siècle, le résultat ne peut être qu’envoutant bien que déroutant. Cette sorcière du son marie sa guitare et sa voix désespérées aux hurlements et aux riffs assourdissants de Thou, qui n’hésitent jamais à revendiquer haut et fort leurs influences doom et stoner. Les neuf dernières minutes de l’album illustrées par le sublime morceau The Valley sont à tomber par terre tant ce mariage nous transperce l’âme. Probablement la collaboration la plus intéressante de l’année. On espère que l’expérience se renouvellera bientôt !

 

 

06 -The Flaming Lips : American Head

 

Enfin un album qui annonce ce que l’on peut nommer « le grand retour » des grands illuminés d’Oklahoma City ! Il faut dire que leur carrière s’était un peu essoufflée depuis Embryonic, sorti en 2009. Ce qui semble cependant normal quand on sait que le groupe possède derrière lui déjà 37 ans de carrière. Quoi qu’il en soit, American Head est grandiose, et fait un bien fou, notamment en cette année morose. Il est évidemment rock, mais il est aussi psyché, orchestral, bizarre… bref il est digne des Lips, inspirés 70’s, tels qu’on les aime depuis leurs débuts.

 

 

07 -Jessie Ware : What’s Your Pleasure?

 

Incontestablement l’album pop le plus efficace et brillant de 2020, et il sera difficile de rivaliser durant ces prochaines années. C’est sexy, lascif, dansant… On se retrouve transportés dans une ambiance digne d’un New York des années 70. La londonienne à la voix suave est très loin d’avoir dit son dernier mot. Elle nous fait penser aux plus grandes références du registre, de Sade, en passant par George Michael voire Prince. Un quatrième album qui s’avère être l’un des plus beaux de sa discographie. 

 

 

08 -Gorillaz : Song Machine : Season One – Strange Timez

 

Une « époque étrange » évoquée par le titre du septième album du groupe virtuel le plus connu et adulé au monde. Reflet de notre ère, du moins d’un point de vue qualificatif. Pour le qualitatif, nous atteignons ici un niveau stratosphérique. Damon Albarn, Remi Kabaka Jr et Jamie Hewlett (noyau dur du projet) déroulent ici le tapis rouge comme à leur habitude, à une pléiade de guests absolument prestigieux (Robert Smith, Peter Hook, Elton John, le regretté Tony Allen, St Vincent, Beck…) durant 17 titres à la hauteur des talents qui les composent et les interprètent.

 

https://youtu.be/PKXloFW_ZCA 

 

09 -Bob Dylan : Rough and Rowdy Ways

 

Premier album original en huit ans pour le prophète (et non « False Pophet » comme il aime à le préciser dans l’un des extraits) et trente neuvième album studio. La voix est quasi méconnaissable avec le temps mais l’esprit est resté intact. Il privilégie une fois de plus les textes et le talkin’blues accompagnés de compositions qui sont de véritables retours aux sources, aussi bien en rapport à sa carrière qu’à l’histoire de la musique américaine et se permet d’être toujours aussi génial et novateur à 79 ans. Qui de nos jours, oserait sortir un single de 17 minutes blindé de références autour de l’assassinat de JFK (Murder Most Foul) ?

 

 

10 -Paul McCartney : McCartney III

 

Un monstre sacré peut en cacher un autre. Ces deux derniers choix m’ont semblé être une évidence au vu de l’importance indéniable de ces deux personnages. 2020 fut l’année de tous les possibles, pour le meilleur et pour le pire. Je vous l’accorde, c’est dans le pire qu’elle fut la meilleure, mais je préfère n’en garder que le positif bien que minoritaire en apparence. Parmi ces belles choses, il y a le fait que Sir Paul soit encore en activité et vienne tout juste de terminer une incroyable trilogie débutée en 1970. Celle entamée par McCartney (1970, donc, accessoirement le premier album de l’histoire du rock enregistré par un seul artiste multi instrumentiste) et McCartney II (1980), respectivement conçus après la dissolution des Beatles et des Wings.

 

Sandra Cillo

 

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