Qui se souvient… ? Mclusky

A la fois criards et mélodiques, car oui, cela est bel et bien possible, les gallois de Mclusky ont réussi en trois albums et neuf ans d’existence en tout et pour tout à devenir l’un des groupes underground les plus efficaces et les plus importants de cette fin de siècle dernier.

La rencontre déterminante en 1996 entre Andy Falkous et Matthew Harding, deux employés d’un centre d’appels à Cardiff voyant dans la musique un refuge à l’ennui, se retrouve liée à la légende qui voudrait que ces deux nouveaux copains croisent par la suite le chemin du bassiste Jonathan Chapple totalement par hasard au camping du festival de Reading, alors que ce dernier urine sur leur tente, visiblement dans un état second. Nous ne saurons jamais si l’anecdote est vraie. Elle reste en tout cas indéniablement à l’image du groupe: drôle, trash et inhabituelle.

Avec une originalité sans pareil donc, et une créativité inépuisable, ils ont été considérés comme le renouveau du rock noise (s’il ne fallait leur attribuer qu’un seul genre, mission quasi-impossible) faisant à la fois autant penser aux Pixies qu’à Shellac, en naviguant à travers leurs saturations agressives et leurs morceaux ironiquement enjoués, le tout ponctué de textes dont l’absurde, le cynisme et la cruelle lucidité sont mis en lumière par un humour noir totalement ravageur.

Un premier album sort en 2000. Intitulé        My Pain and Sadness is More Sad and Painful than Yours            il charme tout de suite par son énergie, sa rage et son authenticité. Et puisqu’il a été question d’une comparaison avec Shellac et qu’une fois n’est pas coutume, c’est encore Steve Albini accompagné de son flair indestructible qui finira par produire le restant de leur discographie , jusqu’à leur séparation en janvier 2005. Il s’agira donc du deuxième effort   Mclusky Do Dallas     en  2002 redoutablement puissant et faisant paradoxalement écho aux aspects les plus pop de The Fall ou Wire et de l’album de la révérence qui utilisera comme leur premier bébé un titre à rallonge: The Difference Between Me and You is That I’m Not on Fire   en 2004. Aboutissement barré, jouissif et ravageur, un an avant leur split, le grand classique de la fin de carrière d’un groupe positionné alors au sommet. Parfois, il vaut mieux se dire que c’est mieux comme ça. Il y eut cependant une renaissance via des projets parallèles. Chapple a mené jusqu’en 2009 le projet post-punk Shooting at Unarmed Men et Falkous n’a pas non plus dit son dernier mot grâce à  sa nouvelle formation Future of the Left, toujours en activité et perpétuellement hantée par les fantômes noisy et hardcore de Mclusky. Je ne pourrais faire mieux que de vous conseiller de jeter une oreille très attentive à ces différents parcours, preuves que notre millénaire n’est certainement pas en reste d’artistes aussi respectables que prolifiques.

Sandra Cillo (Boyer)

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