Séance brocanteur à la recherche de vieux vinyles avec mon fils.
Je tombe sur le disque «Ferré Chante Aragon».
Impossible de ne pas le prendre (en plus à 2 €). En effet ce disque a été la bande-son de tellement de petits-déjeuners avec mon père.
Chaque matin mon père écoutait (à très grand volume) les plus grands compositeurs de musique classique ou…Léo Ferré chante Aragon.
C’est en réaction à ces débuts de journées familiales que je me suis construit.
Je suis convaincu que mon goût immodéré pour la musique et paradoxalement mon peu d’attrait pour la musique classique vient de là.
A quelques exceptions (Satie, Chopin, Beethoven) j’écoute très peu de classique. Loin de les dénigrer, je comprends la puissance de la plupart de ces œuvres, mais simplement elles ne me parlent pas. Je préfère l’urgence, la concision d’une pop song à celle d’une symphonie.
Il en va de même pour les concerts, impossible pour moi d’écouter des tributes. Hélas les concerts de classique ne sont fait que de reprises. J’aime les compositions, les prises de risques, l’inédit ;les ingrédients du rock : la sueur, Les larmes, le sperme, le sang.
A l’inverse j’ai une affection immense pour le seul disque non classique que nous faisait écouter mon père. Ce disque est fondateur dans ma construction. Je pense que c’est grâce à lui que j’ai toujours été plus attaché à la langue française qu’à l’anglais. C’est sans doute à cause de lui que je pense que les chansons d’amour sont les plus belles.
C’est sans doute à cause de lui que j’aime les choses si triste (est-ce ainsi que les Hommes vivent / Il n’aurait fallu…)
Bref à chaque écoute ce disque me fout des frissons.
Je vais donc aujourd’hui le partager avec mon fils (à l’heure de l’apéro). Nous verrons s’il aura la même importance dans sa vie que dans la mienne.