Les Étoiles des Nuits Du Sud nous font perdre le nord

    Jupiter & Okwess International  Photo : Loïc Swiny

Les Nuits du Sud paraissent pour beaucoup comme une institution immuable qui rythme la vie des vençois. Aujourd’hui à Vence lorsque l’on monte la grande scène sur la place du Grand jardin c’est le signal de départ de l’été. De même lorsque vers le 15 Aout on la démonte un léger parfum d’automne souffle déjà.

Pour moi qui aie connu la place du grand jardin comme un grand parking a ciel ouvert, la voir aujourd’hui comme un lieu de fête, de joie, me surprend toujours. Par le passé le parking n’était débarrassé de ses voitures  que pour le bal de la Ste Elisabeth… Et Oui !

Toute cette féerie nous la devons à Christian Iacono le maire de l’époque qui avait une ambition pour sa ville. Après avoir libéré la place du Grand Jardin de son parking, il voulait y créer une vie, des animations. L’ancien festival de Vence d’Yvry Gitilis (décrit dans la revue Vence et ses environ durant les siècles # 37) était encore dans toutes les têtes. Ce festival qui vécut de 1972 à 75 a vu passer d’immenses artistes comme Dizzie Gillespie, Barbara Hendricks, Léo Férré, Moustaki… En 1997 La municipalité voulut donc redonner à Vence une couleur musicale. En collaboration avec le Directeur de la station touristique d’alors Réné Montgrandi ils créèrent les Nuits Du Sud. Ils s’entourèrent de Téo Saavedra qui avait un sens de la fête inné et un carnet d’adresse rempli à ras bord (étant lui-même auteur compositeur) et qui donna vie avec brio à ce festival.  Le concept pouvait paraitre simple et pourtant il fut imparable et inégalé. Des concerts de musique du monde de grande qualité au cœur de notre ville où les restaurants et cafés restent ouverts, chacun partageant sa place entre repas et danse salsa, dans une ambiance familiale où les enfants peuvent jouer aux fontaines ou déguster des glaces pendant que les parents aiguisent leurs oreilles. Le tout à un prix abordable

Orchestre Poly-Rytmo Photos Lucas Kesbi

Comme chaque année je vais tenter de résumer, l’édition 2012, mais comment réduire 13 soirées, 36 groupes et 46 heures de concerts en quelques lignes. Le mieux serait de faire un micro trottoir après chaque soirée. Je vais en toute subjectivité  essayer de traduire mes émois musicaux et l’ambiance de ce festival.

C’est au vainqueur du concours Talents nuit du sud de l’année 2011 Les P’Tits Gars Laids que revint la lourde tache de démarrer les hostilités. Et bien ils s’en sont tiré de main de maitre, leur bonheur de jouer sur cette magnifique scène transpirait et leurs chansons de rue festives ont ravi l’assistance, ce succès fut vite terni,  en effet si Charles Pasi avec son physique de Don-Juan a fait craquer toutes les filles, (il n’y a qu’à voir le nombre soutien gorges volant sur scène) on ne peut pas dire qu’il en soit de même pour sa musique. C’est un touche à tout (Soul, Reggae, Blues, Rock électrisé…) qui pourrait très bien se produire en pub tant chacune de ses chansons nous renvoie à des classiques. Tous ses morceaux sont des inédits mais pourtant on croirait que ce sont des reprises. Malheureusement il ne suffit pas d’écrire des textes mélancoliques, de porter une chemise noire moulante et d’avoir la coupe décoiffée pour avoir du talent. Derrière eux Corneille nous a proposé sa chanson française de Lovers. Sur disque on est séduit par ses textes touchants et sensibles, sur scène le gros son altère un peu trop le coté intimiste de la musique, heureusement sa bonne humeur  fait le reste.

 Le lendemain ça démarre avec le flamenco du duo Dorantes « Sin Muros » & Joaquin Grilo, leur complicité et le danseur Grilo ont remporté l’affaire. La soirée se poursuivit en douceur avec la très belle Ayo dans sa petite robe blanche ;  elle nous a tous touchés mais c’est surtout son chant plein de sensibilité aux airs Folk-soul qu’on retiendra. Notons la reprise en français (s’il vous plait) de  j’ai deux amours.

 

Ayo Photo Simon Pégurier

La troisième soirée eut la plus grosse affluence des Nuits Du Sud en 15ans, C’est Earth Wind And Fire Experience Feat Al Mc Kay qui réussit cet exploit. Le film Intouchable où l’on voit Omar Sy danser et chanter à perdre haleine sur Earth Wind And Fire a beaucoup fait pour relancer ce groupe qui est un des précurseurs de la Funk Disco. Beaucoup de groupes, comme par exemple les Jackson leur doivent tout. Il y  avait donc foule pour acclamer September,  Boogie Wonderland ou Let’s Groove. Seulement voila ce n’était pas les vrais EWF qui se produisaient sur la scène vençoise mais une reformation autour du membre original Al Mc Kay qui avec un band tourne partout dans le monde en proposant uniquement des tubes EWF. D’ailleurs c’est la guerre avec les autres membres originaux d’EWF qui lui refusent le droit de chanter ce répertoire. L’histoire devrait se finir au tribunal, pour l’instant les comptes se règlent sur les réseaux sociaux. Beaucoup n’avaient pas fait attention à cette subtilité, (qui n’était pourtant cachée à personne) ce qui explique peut être qu’en fin de soirée beaucoup étaient partagés. Certes un spectacle de grande qualité mais beaucoup pensaient avoir vu les originaux. Osons une comparaison audacieuse : c’est un peu comme si Bill Wyman (Bassiste originel des Rolling Stones) formait un groupe nommé The Rolling Stones Band et tournait partout dans le monde en reprenant le répertoire de Jagger et Richard sous prétexte qu’il a écrit l’intro de Sympathie for the devil et qu’il a fait partie de toute l’aventure. Bon je pense faire la fine bouche, mais voir notre place remplie à ras bord et des danseurs dans tous les coins, cela n’a pas de prix. Le spectacle était dans l’assistance comme par exemple ce Flah mob réalisé prés de la Victoire. N’oublions pas non plus de citer en première partie le congolais Jupiter & Okwess International qui a fait beaucoup plus que faire attendre le public.

 Earth Wind And Fire Experience Feat Al Mc Kay  Photo Loïc Swiny

Le lendemain c’est la guitare malienne de Boubacar Traoré qui ouvrit les hostilités avec des chansons lentes douces, hypnotiques faites de blues et de folk, un concert touchant car authentique, dommage toutefois que toutes les chansons se ressemblent un peu. On attendait depuis un an Luz Casal. L’espagnole qui chante notamment dans les films d’Almodovar avait déclaré forfait l’an dernier pour maladie. Elle a donc accepté de venir cette année et on ne le regrette pas une seconde, son chant triste et profond a transporté toute l’assistance. Une soirée toute en douceur donc.

Le samedi 21 Juillet voit le début du tremplin les talents du sud. Cinq groupes de notre région sélectionnés par un jury de professionnel parmi plus de 200 candidatures, se produisent en début de soirée pour trente minutes de show. C’est à Flangers d’ouvrir le bal, Avec leur rock ultra énergique aux airs de Texas, ils s’en sortirent plus qu’avec les honneurs. Pour les fans de guitares saturées ce fut même la révélation coté décibel du festival. Ensuite ce fut au tour d’Imany pour l’un des plus beaux concerts de l’été. Cet ancien mannequin qui sait donc parfaitement utiliser les Sun light pour se mettre en valeur a une voix de velours qui a fait chavirer plus d’un cœur, surtout qu’elle nous a gratifiés de beaucoup de reprises qui permirent à chacun de s’y retrouver.     

   

Têtes raides Photo Simon Pégurier

Pour la légende du Reggae  Linton Kwesi Johnson, ce fut plus difficile, sa nonchalance légendaire flirtât avec de l’incorrection. On pense au temps immense qu’il mit à venir sur scène, ses longs prêches entre chaque morceau fatiguèrent très vite. Sait il que le français lambda n’est pas bilingue franco-anglais. Tout de même reconnaissons que ce show est parfaitement rodé (je pense même qu’il fait le même à la virgule prés depuis trente ans). L’originalité de son reggae réside dans son talk over qui met en avant une voix hors norme. Personnellement,  je me suis bien vite ennuyé, j’ai donc migré vers la place Godeau et le tout nouveau restaurent le 2 ou se produisaient ce soir là mes amis niçois de Kazan qui comme d’habitude avec leur pop rock vitaminée ont réussi à faire vibrer tout le monde. Toutefois je me demande pourquoi un soir de nuit du sud à Vence on leur demanda de jouer un peu moins fort ! Mais bon ce n’est pas bien grave Kazan brille autant en électrique qu’en acoustique.

Gocoo Photo Loïc Swiny           

La troisième semaine commença par un échec Jarade De Palo, groupe de rock variété espagnol qui n’a rien bien original, sonnant comme n’importe quel groupe FM espagnol, rien ne les distinguant de la masse. Cette soirée qui a mal débuté s’est poursuivie en apothéose avec Camille. Pour moi ce fut le plus beau concert de l’été vençois. Camille a un talent époustouflant. Changeant d’univers de morceau en morceau, jouant avec sa voix, avec son corps. Les chansons sont à la fois mélodiques et aventureuses. Certains peuvent penser qu’elle est hystérique moi je pense simplement qu’elle vit a 100 % sa musique. Si j’avais pu choisir la playlist de son concert j’aurai remplacé une inutile reprise de Michael Jackson par sa reprise du Too Druck Too Fuck des Dead Kennedy. Je trouve que ce morceau chanté par une fille prend tout de suite une toute autre ampleur. A la fin du concert j’ai croisé une artiste qui s’est produit deux fois dans nos Nuits du Sud et elle m’a dit, plein d’émotion dans les yeux, “Camille donne tellement sur scène que quand on la voit on a l’impression d’assister à 20 concerts.” Elle avait tout résumé.  Il faut dire que bien avant le concert elle m’avait conquis, j’ai eu la chance de discuter avec elle a l’automne dernier, évidemment j’ai très vite parlé de ma ville Vence. A l’annonce du nom de Vence, elle a fait un jeu de mots plein de classe et poésie « Vence, c’est merveilleux ! La vie devant soi (ou de vençois) »  en référence au livre de Romain Gary. Il faut dire qu’elle connaît parfaitement notre pays vençois , elle décrit une route qu’on imagine être le Col de Vence dans Baby carni bird et elle dédicace une chanson aux bergers de Coursegoules.Regrettons tout de même son attitude peu courtoise avec les photographes, durant un festival il est de coutume qu’ils puissent prendre des clichés sur les 3 premiers morceaux (sans flach) elle n’autorisa qu’une photo, au 11e morceau !

The Abyssinians Photo Lucas Kesbi          

Le lendemain on reste au même niveau d’excellence avec tout d’abord pour les Talents Du Sud les cagnois d’En Vrac et d’Ailleurs un groupe rodé à la scène qui assure facilement le spectacle dans un style proche de Java. Il faut avoir une oreille attentive sur leurs textes plus qu’intelligents. S’ils avaient enchainé plus vite les morceaux, je pense même qu’ils auraient pu remporter ce tremplin. Un très beau groupe à suivre de très prés avec notamment a l’automne la sortie de leur deuxième album. Raul Midon seul sur scène avec sa guitare prend la place d’un groupe entier tel Kezia Jones, il est capable de nous faire vivre 10 000 univers à la fois. Les Têtes Raides légende de la chanson française avec plus de 25ans de carrière à leur actif,  montèrent ensuite sur scène pour un concert très rock, ou sur chacun des morceaux proposés ils arrivaient à changer d’univers.  Toujours un bonheur inégalé que d’entendre leurs hit Gino ou Ginette.

La ou Raul Midon réussit l’exploit d’occuper la scène tout seul, le pauvre Tiyan se sentit un peu perdu au milieu d’un aussi grand espace. Ce jeune homme qui participait au concours talents du Sud accompagné de sa seule guitare et de quelques boucles a essayé de nous refaire du Air malheureusement on a plutôt pensé a James Blunt,  ce fut donc un loupé. Gageons que sur des scènes plus adaptées à son univers il arrive à prendre toute son ampleur. Ensuite voyage en Jamaïque avec The Abyssinians, les trois rastas a la tête de ce groupe tournent depuis 1968 c’est dire s’ils sont rodés a la scène. Bien sur ils sont un peu vieillissants mais les musiciens derrière font le boulot, ce qui nous donna un bien beau concert. Débauche d’énergie ensuite avec Calle 13  et leur rap Portoricain qui mit le feu a Vence. A tel point qu’ils finirent la soirée avec une séance de dédicace de soutien gorge (peut être les mêmes que pour Charles Pasi ?) depuis la fenêtre de la Villa Alexandrine qui sert de loges aux artistes. C’est dire la folie qui régnait ce soir la.

Calle 13 Photo Lucas Kesbi

La quatrième semaine démarra par une soirée attendue de tous. Tout d’abord  le retour des Japonais de Gocoo et de leurs percussions folles. Sur scène 11 japonais surtout des Japonaises tapent comme des dératés sur de gros futs. Ca peut paraitre basique comme ca mais les morceaux varient, et sont plutôt courts ce qui fait que l’on ne s’ennuie jamais et que l’on est constamment surpris. Un grand groupe à découvrir. Ensuite ce fut Kid Creole and The Coconuts, on peut dire que ce sexagénaire déguisé en Jim Carré dans The Mask a tout compris, il nous propose de la funk dansante à souhait, mais surtout il est entouré de trois  Coconuts des sortes de Coco Girl des temps modernes qui assurent une chorégraphie d’enfer pendant 1h30 et attirent tous les regards. C’est magnifique autant visuellement que musicalement. Il devait être écrit que ce serait une journée en Or pour le pays vençois puisque c’est ce jour là que la Colloise Emile Fer obtint sa médaille en Kayak au JO. 

 

Kid Creole and The Coconuts Photo Loïc Swiny          

Deuxième plus grosse affluence le lendemain  pour Catherine Ringer, mais avant de la voir c’est au tour d’Isaya de tenter leur chance pour les Talents Du Sud. Dès leur montée sur scène c’est une claque. Deux belles jeunes filles identiques (car jumelles) arrivent superbement lookées et se mettent à jouer avec des guitares mais aussi des instruments insolites et commencent à chanter. C’est le silence assuré tant leurs voix portent haut. Bien évidemment devant une telle claque le jury les a désignées vainqueur de cette édition. Les jeunes provençales ont volé la vedette au trompettiste Hugh Masekela qui nous proposa un mix entre jazz et world music. Malheureusement il a choisi le pire dans chaque style. Au jazz il a piqué les solos sans fin qui ne peuvent amuser que les fans de technicité et pour  la world music le coté engagé à outrance. Vint ensuite celle que tout le monde attendait Catherine Ringer, comme on dit « Chat échaudé craint l’eau froide ». Jeune homme je l’avais rencontrée, elle avait alors pris de haut le gamin que j’étais à l’époque. J’avais eu du mal à recevoir des leçons d’une fille au tel passé, toutefois je ne lui en tins pas rigueur puisque je suis allé voir deux fois les Rita Mitsouko (concerts qui ne m’avaient d’ailleurs pas enthousiasmé). Aujourd’hui un peu a la manière d’Indochine en raison du décès de son compagnon Fred Chichin, sa musique a un regain d’intérêt, l’affluence de sa soirée aux Nuits du Sud en atteste. En même temps cela n’est pas volé, son premier album solo  Ring‘n‘roll  fonctionne plutôt très bien. Comme elle nous a proposé son album solo (plutôt bien foutu donc) et tous les hits des Mitosuko on peut dire que la soirée fut très réussie. Surtout qu’a ses cotés elle a son fils Raoul Chichin à la guitare et que cela ajoute une touche d’émotion à son spectacle. Donc Bravo Madame (preuve que je ne suis vraiment pas rancunier)  

 

Catherine Ringer Photo Loïc Swiny

Voila déjà la dernière semaine pour les Nuits. Avec trois belles soirées en perspective, par contre l’absence de tête d’affiche grand public laisse penser que l’affluence sera en berne. Ce que je pensais se produisit, nous fumes bien peu nombreux au concert imprévu de Téo Saavedra, pour permettre en période de ramadan à El Gusto d’attendre la nuit, le directeur artistique du festival chevaucha sa guitare pour nous offrir trois morceaux aux rythmes à la fois mélancoliques et endiablés. Cela donne envie de le retrouver très vite pour une fiesta dans une villa vençoise où souvent en fin de soirée il prend sa guitare. El Gusto est un orchestre d’origine Juive et arabe nous proposant des classiques de la musique arabe. La sauce mis longtemps à monter, airs trop mous en début de soirée  ce qui est dommage car en fin de concert tout le monde avait envie de s’essayer à la fameuse danse du ventre. A noter malheureusement que juste après le concert le pianiste Maurice El Médioni a été victime d’un AVC (peut être a-t-il trop dansé ?) souhaitons qu’il se soit bien remis C’est Bonga qui conclut avec sa voix rauque et sur air de fanfare africaine la soirée.

   

Téo Saavedra Photo Simon Pégurier

Babason était le dernier des groupes à concourir au titre de Talents du Sud 2012, ce groupe rodé à la scène nous proposa une salsa sur ressort. Durant trois minutes on est bluffés devant ces 10 personnes sur scène super lookées, devant ces instruments à cuivre, devant les pas de danse incessants du chanteur, mais malheureusement des le deuxième morceau on trouve que cela tourne en rond. Toutefois cette énergie a largement séduit le public puisque Babason a remporté haut la main le prix du public Talent du Sud et que l’assistance s’est livrée à quelques pas de salsa, (peut être frustrée par l’absence de ce style dans la programmation 2012). Ensuite ce fut Marta Gomez, ce doit sans doute être très bien, mais  moi j’ai du mal à adhérer à la chanson Colombienne à texte, l’espagnol m’étant très peu familier. Dois je encore vous rappeler que le reggae n’est vraiment pas ma tasse de thé pourtant j’ai largement adhéré au concert des Jamaican Legends. Ernest Ranglin, Tyrone Downie et surtout Sly & Robbie qui sont de véritables pointures de cette musique venue de Jamaïque, pour avoir notamment accompagné le Dieu Bob Marley. Ils se retrouvent là simplement pour le plaisir et nous jouent à la perfection des classiques du Reggae. Ils ne se la ramènent pas, ils sont humbles. Et ils ont eu la bonne idée de ne pas rajouter du featuring inutile, un rasta nous parlant de Babylone a tout va aurait gâché la fête.

                                        

         

Isaya Photos Loïc Swiny

La dernière soirée s’annonçait magnifique, en effet Manu Dibango faisait son retour a Vence. On sait qu’il nous offre des concerts à 100 000 volts. Allez savoir pourquoi ce soir il était en berne, soufflant de ci de là, mollement dans son saxophone, comme s’il faisait la grève du zèle. Bizarre. A-t-il vieilli ? Est-il malade ? Faisait-il la gueule pour une raison quelconque ? Je n’en sais rien mais notre festival ne méritait pas un final aussi poussif. Avant cela l’Orchestre Poly-Rythmo a groové sur de l’afro-funk.

Et voila c’est fini on peut démonter la scène, l’automne peut arriver comme un symbole, il pleuvra d’ailleurs dès le lendemain. Mais ma chronique ne serait pas complète si j’omettais de parler des Off, avec tout d’abord trois concerts gratuits hors du centre. Ils avaient lieu sur la place Godeau, pour moi la plus belle de la ville, où durant tout l’été sont exposées sur d’immenses bâches qui couvrent les murs les photos du mémoire de profil de Francois Mauplot. Cette œuvre en plus d’être étonnante et belle est une véritable étude sociologique sur notre commune. On faisait donc d’une pierre deux coups on écoutait des concerts gratuits et on découvrait une exposition qui fera date dans l’histoire de notre commune.  Les trois groupes proposés Voodoo, Will The Blue Griot et His Majesty, avaient été classés respectivement entre la 6e et 8e place par le pré jury des talents des Nuits Du Sud (sur 200 candidatures je le rappelle). Pour moi ces concerts hors site permettent à davantage de vençois de participer gratuitement au festival, et cela met de l’ambiance un peu partout dans notre ville. J’invite donc l’organisation du festival à persévérer dans cette voie et à insister aussi sur la promotion de ces événements qui restent aujourd’hui encore ignorés de la plupart. Il y eut aussi trois films en rapport avec le festival joués soit au Cinéma soit en plein air sur la place Godeau : Talon Aiguilles (en référence a Luz Casal) Ratatouille (en référence a la formidable Camille) et El Gusto en rapport au groupe du même nom. Le Jour du Sud est une journée d’animation musicale partout dans la ville, principalement adressée aux enfants (dommage que ce soient surtout les enfants des centres aérés qui en profitent). Citons aussi le superbe Web Mag de Mariama petit reportage de cinq minutes diffusé pendant les changements de plateau et qui reflète parfaitement l’esprit du festival. Avant chaque concert on pense à regarder les photos d’Achour Abbes qui fleurissent partout dans l’avenue de la résistance. Je pourrais aussi vous parler des rencontres avec les artistes à l’espace Culturel Leclerc, je pourrais vous donner la recette du Mujito ou encore décrire l’ambiance du Village des Nuits Du Sud, ou les Etoiles œuvres d’art graphique réalisées par les Lycéens du Lycée Matisse a Vence, du concours de vitrine…  Bref que de bonheur et d’animations durant l’été vençois grâce aux Nuits Du Sud.

 

Manu Dibango Photo Lucas Kesbi

Toutefois tout est perfectible.

L’accès au site reste compliqué, il est difficile de se garer, peut être faudrait il remettre en place une navette gratuite depuis le parking St-Anne. Evidement je sais que ni la ville ni le festival n’en ont le financement. Peut être un partenaire ? 

Regrettons aussi les grincheux (Plus nombreux que d’habitude me semble-t-il), qui trouvent que les personnes dansant debout leur gâche la vue !

Le tremplin talent du Sud que j’ai évoqué plus haut est formidable, il faut donc bien entendu le garder. Depuis cette année c’est l’organisation du festival qui est en charge de le la fête de la musique à Vence. Peut être faudrait il profiter de cette événement pour y proposer le tremplin, cela permettrait de faire seulement deux concerts par soirée et ainsi de limiter les nuisances pour les riverains.

Benoit me fait remarquer qu’il regrette l’absence de Zouk dans la programmation ! Mais ces propos n’engagent que lui !

Il ne faut jamais se reposer sur ces lauriers, c’est quand on pense que l’on atteint quelque chose qu’on le perd. Mais Les Nuits Du Sud sont une formidable machine qui égaye chaque année notre cité. Et c’est chaque fois pareil à chaque fin de festival, on a hâte de le retrouver.

Hugh Masekela Photo Loïc Swiny

 

Reportage Simon Pégurier

Pour L’Oreille Qui Gratte – www.loreillequigratte.com

 

Retrouver sur la page youtube de L’Oreille Qui Gratte un extrait de la quasi intégralité des concerts www.youtube.com/user/loreillequigratte

 

Les P’Tits Gars Laids Photo Simon Pégurier

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