Make Some Noise – MJC Picaud (Cannes)

Encore un bel exemple ce samedi 28 octobre de l’activité quasi militante de la MJC Picaud en faveur des musiques indépendantes avec la 5ème édition du festival « Make some noise » : des ateliers, projections, performances et des concerts !

Au programme, 6 groupes et un DJ issus de la scène locale, régionale, nationale et européenne. Des univers contrastés mais tous habités par la singularité, une présence scénique imposante et surtout, il y avait chez tous ces artistes une intransigeance à être ce qu’ils sont, sans concessions, de l’engagement, en somme, qui va bien au-delà de l’engagement politique. Aujourd’hui, être en contact avec ces êtres-là et ce qu’ils créent semble plus que vital pour échapper aux diktats étouffants de l’esthétique du lisse et du fade qui sévit dans notre société. 

Ce sont les marseillais, Bonkers Crew qui ouvrent les hostilités avec brio et une exubérance jubilatoire. Leur pop alternative et délurée aux accents funky et clubbing font danser assez rapidement le public. La soirée démarre fort !

Ambiance plus planante ensuite avec le jeune quatuor antibois Namjera, un univers marqué par des influences studge. Nous vibrons et  plongeons dans des strates qui évoluent entre douceur et violence pour découvrir des paysages sonores alliant altitude, vastitude et précipices. On arpente avec bonheur…

Pendant le changement de plateau, nous migrons du côté de la salle de danse au-dessus du café, qui pendant longtemps a accueilli les concerts de jazz. Réaménagée, elle accueillait tout d’abord Uz Jsme Doma, un groupe tchèque, atypique. Un peu déconcerté au départ, on est finalement très vite happé par cet univers aux réminiscences magmaïennes. Ils définissent leur style ainsi : “Rock in Opposition” ; il y a bien un côté punk et contestataire certes mais aussi des arrangements et mélodies assez élaborés. On apprécie particulièrement la trompette volubile qui se mêle adroitement à la rugosité des voix. Surprenant !

Retour ensuite dans la salle du bas pour retrouver Meule qu’on avait découvert avec bonheur au festival Yeah en juin. Le jeune trio virtuose rassemble deux batteries, des voix, une guitare et de l’électronique. Tour à tour, ça se concentre, explose, fuse, ça tourne au millimètre près et surtout, nous sommes emportés dans une transe, implacable, délectable tout le long du concert.

Puis nous partons en voyage sur les terres mouvantes et étranges du trio suisse Omni Selassi. Sonorités tribales, rythmes lancinants, jeu de  dissonances, de quoi tisser les fils d’une toile hypnotique dans laquelle nous nous laissons prendre avec joie

La soirée se clôture avec les déferlants Psychotic Monks. Pas de leader (c’était déjà le cas avec les autres groupes mais là, c’est encore plus tangible). Chaque membre du groupe prend la voix à un moment donné, et cherche une expression qui vient des profondeurs … quelque chose de l’ordre du cathartique se trame et explose. La musique de ce quatuor porte en son cœur une flamme qui brûle d’une intensité sidérante. Les sonorités libertaires que distillent les Psychotic Monks nous prennent aux tripes. Leur  poésie sensorielle investit chaque mouvement de notre corps, de notre être. Plus que jamais, nous ressentons l’urgence de danser, l’urgence de se sentir libre, l’urgence de vivre.

Merci à la MJC Picaud d’avoir rendu possibles de tels moments !

Géraldine Martin

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